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Alchimie

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la pourpre. On y trouve l’idée d’une unité fondamentale de la matière et celle

des rapports de sympathie entre les substances, exprimée par la célèbre formule

fréquente dans tout le corpus

: « La nature est charmée par la nature, la nature

vainc la nature, la nature domine la nature. » À ce stade, on rapporte aussi une

série de citations ou courts traités des « vieux auteurs » mythiques tels qu’Her-

mès, Agathodémon, Isis, Cléopâtre, Marie la Juive (entre le i

er

et le iii

e

siècle).

La deuxième période est celle des auteurs proprement dits : Zosime de Panopolis,

Pélagios, Jamblique (iii

e

-iv

e

siècle apr. J.‑C.). Zosime apparaît comme la plus

grande figure de l’alchimie gréco-égyptienne. Parmi ses morceaux les

plus célèbres, il faut mentionner les trois

Visions

décrivant des rêves qui auraient

dévoilé à Zosime les propriétés des métaux. Jung s’est beaucoup intéressé aux

Visions

qu’il considérait comme des images archétypales reflétant un processus

d’identification entre l’opérateur et les matières. En dehors de la tradition

grecque, des œuvres sous le nom de Zosime ont été conservées en syriaque, en

arabe et en latin. Dans les fragments syriaques (ms. syriaque, Cambridge, 6.29),

on trouve les seules recettes antiques pour la fabrication du célèbre et mysté-

rieux « bronze noir » de Corinthe, très prisé par les Romains et mentionné par

Pline l’Ancien. La troisième période est celle des « commentateurs » : Synésius

(iv

e

siècle), Olympiodore (vi

e

siècle), Stéphanus (vii

e

siècle) et deux anonymes,

appelés respectivement le Philosophe chrétien et l’Anépigraphe (entre le vi

e

et

le viii

e

siècle). Selon la tradition arabo-latine, c’est justement un élève de

Stéphanus, le moine Morienus (Marianos), qui diffusera l’alchimie dans le

monde arabe en initiant entre 675 et 700 le prince omeyyade Khâlid ibn Yazîd

(mort en 704). Ces auteurs visent essentiellement à clarifier la pensée de leurs

prédécesseurs et représentent le stade le plus avancé de la théorisation de l’al-

chimie grecque. On assiste chez eux à un véritable processus de définition et

de systématisation de la doctrine alchimique à travers les outils de la philosophie

grecque. La tradition alchimique à Byzance se termine avec Michel Psellos

(xi

e

siècle), Nicéphore Blemmydès (xiii

e

siècle) et Cosmas (xv

e

siècle).

Ingrédients et opérations

Les substances mentionnées dans les textes des alchimistes grecs sont souvent

exprimées par un langage codé difficile à décrypter. Outre les sept métaux déjà

identifiés par les Anciens (or, argent, cuivre, mercure, fer, étain et plomb), les

alchimistes utilisaient des minerais natifs, comme le

natron

(ingrédient typi-

quement égyptien provenant du Ouadi Natroum, employé notamment pour

la momification), le soufre, le marbre, le sel ainsi que des substances d’origine

végétale et organique. Quant à la production des métaux nobles, les opérations