
Alchimie
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Alchimie
L’alchimie est, comme l’astrologie, un produit de la rencontre entre la culture
grecque et la culture égyptienne qui surgit à Alexandrie au début de notre ère.
Elle se développe comme pratique et théorie de la transmutation des métaux
nobles entre le i
er
et le vi
e
siècle en Égypte gréco-romaine. Elle passera ensuite
à Byzance où elle sera conservée par une génération de commentateurs, et suc-
cessivement en Orient, dans le monde arabe et musulman, ce qui lui donnera
une orientation plus systématique et expérimentale. L’alchimie arabe se diffu-
sera dans l’Occident chrétien sous la forme de traductions latines, à partir du
milieu du xii
e
siècle. Les textes des alchimistes grecs ne seront introduits en Italie
qu’à la Renaissance, sans avoir pour autant une grande diffusion.
Le terme « alchimie » désigne, au sens le plus littéral, la tentative de trouver
un procédé permettant de transmuter un métal vil (cuivre, plomb, etc.) en argent
ou en or ; cependant, il couvre le plus souvent un champ sémantique plus large
et figure une science technique mêlée de considérations philosophiques et théo-
logiques, qui varient selon les époques, les régions et les auteurs.
L’origine du mot « alchimie » est obscure. Le terme semble avoir signifié, aux
côtés d’autres mots (par exemple en arabe
sihr
, « magie », etc.), non seulement
l’alchimie proprement dite, mais aussi d’autres sciences dites occultes (magie,
astrologie, divination, etc.). Le mot « alchimie » est la transcription du latin
alchimia
(nombreuses variantes orthographiques) ; le terme latin, qui remonte
au xii
e
siècle, est un calque de l’arabe
al-kîmiyâ’
(l’alchimie), composé de l’article
arabe
al
et d’une racine dont la signification est controversée. De fait, la forme
chêmeía
est rare et appartient au grec tardif. On a fait dériver
chêmeia
de
cheô
(fondre), de
chumos
(suc extrait des végétaux), du vieux nom de l’Égypte qui est
chêmia
chez Plutarque, khme ou xhmi en copte (« terre noire »), de la racine
égyptienne
km
qui signifie « achever, réaliser », ou encore, on a supposé que
le « noir » était une allusion à la première étape de la transmutation (« l’œuvre
au noir »). De fait, les alchimistes grecs se réfèrent plus souvent à leur discipline
comme à une « science sacrée » ou à un « art divin et sacré ». L’hypothèse la