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Alchimie

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Un auteur donne un statut particulier à l’alchimie : dans sa

Pretiosa marga-

rita novella

(rédigée entre 1330 et 1350), Petrus Bonus de Ferrare considère

l’alchimie comme un art divin, et introduit la théologie dans le débat autour

de l’alchimie.

Le

Liber de consideratione quintae essentiae omnium rerum

(vers 1351‑1352)

de Johannes de Rupescissa (Jean de la Roquetaillade, m. après 1365), un suc-

cès incontestable de l’époque (plus de cent manuscrits), développe le concept de

quintessence, déjà présent auparavant, et l’identifie au produit de distillations

répétées (alcool). Il affirme que cette quintessence permet de donner l’incorrup-

tibilité aux choses corruptibles.

Une bulle

Spondent quas non exhibent

aurait été promulguée (en 1316 ?) par

le pape Jean XXII contre les faux-monnayeurs, mais on n’observe aucune trace

de cette bulle avant la fin du xiv

e

siècle. Si ce décret jette sur eux un certain dis-

crédit, aucune condamnation juridique n’est cependant formulée. L’alchimie

trouve un de ses opposants les plus féroces en Nicolas Eymerich (1320‑1399),

qui affirme dans son

Contra alchymistas

que les alchimistes sont toujours déçus

par leur art et qu’ils se tournent donc vers les démons.

À ce jour, l’alchimie du xv

e

siècle est peu étudiée. Les doctrines les plus

influentes restent celles de la

Summa perfectionis

, du corpus arnaldien, de Johannes

de Rupescissa, et surtout du Pseudo-Llull. Ce siècle est celui d’une production

énorme de manuscrits alchimiques. Parmi les alchimistes de ce siècle, il faut

mentionner le très original George Ripley, qui a composé en 1470 un poème

intitulé

The Compound of Alchemy

[…]

Contayning Twelve Gates

, qui devint rapi-

dement un classique. Après le xv

e

siècle, l’alchimie va rencontrer un intérêt crois-

sant dans les milieux intellectuels, en particulier dans les cours. Elle connaîtra un

engouement important lors de la période des grandes publications de recueils

alchimiques de la fin du xvi

e

et du début du xvii

e

siècle. Ensuite, elle sombrera

peu à peu dans l’opprobre et perdra toute considération au xviii

e

et surtout au

xix

e

siècle. Ce n’est qu’à la fin du xix

e

siècle qu’elle devient un sujet d’étude his-

torique, bien qu’il reste jusqu’à ce jour marginal.

Sébastien Moureau

➤➤

Archéologie, historiographie

mots-clés

Alchimie, art, métallurgie, philosophie de la nature, science, technique, tra-

ductions