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Alchimie

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À la fin du xiii

e

siècle, à côté des traductions d’œuvres arabes attribuées à Jâbir

ibn Hayyân (Geber en latin), un corpus de textes attribués à Geber se compose

en latin, dont le principal représentant est la

Summa perfectionis

. Ce traité alchi-

mique est rapidement devenu une des sources majeures de toute l’alchimie des

siècles suivants. La doctrine qu’il présente se place en porte-à-faux avec celle qui

dominait le paysage jusque-là : différentes matières étaient défendues pour la

confection de l’élixir, mais on donnait généralement la préséance aux substances

organiques, théorie dont le

De anima

alchimique du Pseudo-Avicenne était le

premier tenant ; avec la

Summa perfectionis

, l’élixir n’est composé qu’à partir de

substances minérales mercurielles.

Dans ce xiii

e

siècle d’essor technologique et économique, l’alchimie trouve

une place, et plusieurs savants s’y intéressent, comme Vincent de Beauvais,

Robert Kilwardby et Thomas d’Aquin. Ils ne la classifient cependant jamais

parmi les arts libéraux, mais toujours parmi les arts mécaniques (tout comme

la médecine), comme une branche secondaire de la philosophie de la nature,

une simple application pratique de cette théorie philosophique. L’augmentation

de fraudes alchimiques commence toutefois à susciter des méfiances à l’égard de

l’alchimie.

L’alchimie proprement latine : les

xiv

e

et

xv

e

siècles

Aux xiv

e

et xv

e

siècles, les sources des auteurs alchimiques sont non plus seu-

lement les traductions de l’arabe, mais aussi et surtout les textes composés en

latin au xiii

e

siècle. Parmi ceux-ci, c’est avant tout la

Summa perfectionis

et sa

théorie du « mercure seul » qui va l’emporter. Le côté allégorique de l’alchi-

mie, déjà présent dans la

Tabula chemica

d’Ibn Umayl et la

Turba philosopho-

rum

, se développe. On observe également une christianisation de l’alchimie.

La prolongation de la vie et la médecine par l’alchimie deviennent un thème

central pour les auteurs.

Le médecin catalan Arnaud de Villeneuve (1240‑1311) se voit attribuer un

corpus important d’œuvres alchimiques, dont l’authenticité, probablement fausse,

reste sujette à discussion. Le

Rosarius philosophorum

en est le principal représen-

tant. D’autres traités, comme le

De secretis naturae

et le

Tractatus parabolicus

,

décrivent des liens entre la pierre des philosophes et le Christ.

Un autre corpus de textes alchimiques est attribué au philosophe catalan

Ramón Llull (vers 1233-vers 1316), qui est pseudépigraphique : le philosophe

était en effet opposé à l’alchimie. Ce corpus jouira d’une diffusion très importante

(jusqu’au xvii

e

siècle). La pièce majeure de cette collection est le

Testamentum

,

qui présente des points communs avec la doctrine de plusieurs ouvrages attri-

bués à Arnaud de Villeneuve (sans qu’on puisse définir le sens ni la chronologie

de cette transmission).