Navigation
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Enfin, la nature des littoraux
joue un rôle déterminant pour la sécurité de la
navigation car toute côte située sous un vent dominant violent et soudain,
peut être un piège. La localisation des naufrages, que rappellent pour l’Adria-
tique les cartes dressées jadis par Alberto Tenenti pour le xvi
e
siècle, souligne
le danger que représentent certains rivages. Cependant, les côtes jouent éga-
lement un rôle déterminant pour la sécurité de la navigation en offrant des
mouillages abrités et des repères, naturels ou non (amers ou sanctuaires), aux
navigateurs qui « vont à vue ».
Durant les périodes médiévale et moderne, le matériel nautique reste extrê-
mement varié. La diversité est d’autant plus grande que des noms différents
qualifient parfois les mêmes types d’embarcations dans des espaces voisins.
Au Moyen Âge, surtout à compter du xiii
e
siècle, les moyens de navigation se
transforment et s’améliorent avec de nouveaux types de gros porteurs adap-
tés aux trafics de produits pondéreux, et équipés des dernières améliorations
techniques. Les bateaux ronds ou naves utilisés par les Génois au xiv
e
siècle
ont une portée nettement supérieure à celle des nefs provençales ou catalanes.
Ces nefs latines, généralement à un mât, deux ponts, munies de voiles trian-
gulaires, dirigées par deux puissantes rames latérales, sont également concur-
rencées par la taride, vaisseau rond proche de la nef atlantique, et par la coque
ou cog qui pénètre en Méditerranée au xiv
e
siècle, pourvue d’un gréement
carré sur vergue et d’un gouvernail d’étambot, et dont la grande capacité
de transport la fait rechercher par Venise. Elle cède néanmoins la place au
xv
e
siècle à la nouvelle nef méditerranéenne, pourvue de trois ou quatre mâts,
avec gouvernail d’étambot, voiles carrées et latines qui facilitent la tenue et la
manœuvre du bâtiment. Ces vaisseaux cohabitent avec les galères, bâtiments
de bas bord, avec un ou deux mâts courts portant une voilure relativement
importante, étroits et de faibles tirants d’eau mais peu adaptés au transport
de charges lourdes ou volumineuses. Les constructeurs de l’arsenal de Venise
mettent cependant au point au xv
e
siècle un type de galère qui allie à la capa-
cité de charge du navire rond la rapidité et la maniabilité du bâtiment long,
avec deux ou trois mâts au gréement carré, quelques pièces d’artillerie et un
nombre important de rameurs qui peuvent se transformer en combattants
si la nécessité s’en fait sentir ; la galère est cependant un moyen de trans-
port coûteux qu’il faut rentabiliser par des cargaisons de valeur et des rota-
tions rapides. La grande galère connaît d’ailleurs une orientation militaire au
xvi
e
siècle, alors que les navires ronds enregistrent des améliorations qui les
font privilégier pour le commerce.
La gamme de ces embarcations reste largement ouverte à l’époque moderne,
du bateau au vaisseau, en passant par les bisques, allèges, tartanes, lahuts, linhs,
barques, brigantins, senaus, polacres, pinques, chebecs et autres bombardes.