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Navigation

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Moyen Âge, Temps modernes,

pér iode contempor a ine

Naviguer à rame et à voile en Méditerranée exige, depuis les premiers temps de

la navigation, la prise en compte d’un ensemble de contraintes naturelles liées

aux vents, aux courants et à la nature des rivages. Deux principaux régimes de

vents contribuent à créer dans l’espace méditerranéen des ensembles météoro­

logiques distincts. Établis sur la haute mer, les vents dominants, qui soufflent

avec régularité, force et orientation, donnent à chacun des deux grands

bassins de la mer Intérieure leurs caractéristiques (sirocco, mistral, marin,

meltem, libeccio, bora, levant). La puissance du vent accroît les difficultés des

manœuvres et définit l’état de la mer : certes, les houles de la Méditerranée

ont rarement des amplitudes comparables à celles de l’Atlantique, mais leur

longueur plus courte et leur profil les rendent très cassantes ; enfin, la soudai-

neté de la levée du vent et son interruption tout aussi brutale constituent des

facteurs de première importance, provoquant parfois la rupture de l’arrimage

et le chavirement du bâtiment. Aussi, la connaissance des vents dominants

peut déterminer les itinéraires et exiger des attentes, plus ou moins longues,

car ni le propriétaire du navire, ni l’affréteur de la cargaison, ni l’éventuel bail-

leur de fonds « à la grosse aventure », ni le capitaine ne sont poussés à l’au-

dace, à moins de perspectives d’un « grand coup » ; en général, ces hommes ne

cherchent pas la performance mais la sécurité (Arnaud, 2005). Toutefois, le

régime des vents dominants ne présente pas d’impossibilité absolue de naviga-

tion, comme le rappelle la fréquentation des redoutables bouches de Bonifacio

soumises au vent d’ouest. Les brises côtières ou brises thermiques, caractéris-

tiques majeures du régime des vents en Méditerranée, résultent de l’écart de

température entre la terre et la mer (2 à 4 °C environ) que facilite un ciel lim-

pide ; elles soufflent la nuit de la terre vers la mer et le jour de la mer vers la

terre, avec, entre les deux, des périodes de calme plat de durée variant entre

cinq et huit heures. Ce phénomène, limité à la zone côtière, impose parfois

des relâches ou dicte une navigation nocturne ou diurne. Les courants sont

loin d’être négligeables en Méditerranée ; par l’effet de la rotation de la Terre,

un flux permanent court le long des rivages dans le sens inverse des aiguilles

d’une montre, mais s’estompe au fur et à mesure que l’on s’éloigne des côtes.

Sans leur accorder une importance excessive, ils peuvent être des « auxiliaires »

de navigation ou gêner celle-ci. Par ailleurs, même s’ils n’ont rien à voir avec

ceux de l’Atlantique, les phénomènes des marées, sensibles dans tous les grands

détroits – bouches de Bonifacio, détroit de Messine, canal de Sicile, de Chypre,

de Crète, de Cerigo, des Dardanelles –, ne sont pas négligés par les navigateurs.