Navigation
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côte plate sans relief, mais qui, en étant visible depuis la haute mer, permettait de
guider les navires jusqu’au port. Cette connaissance des côtes reposait sur l’accu-
mulation de l’expérience transmise d’abord oralement de génération en généra-
tion, puis compilée dans des recueils, appelés
Périples (Périple du Pseudo-Scyllax,
Périple de la mer Érythrée, Périple du Pont-Euxin…)
, que l’on a pu comparer à nos
modernes instructions nautiques mais qui étaient aussi à usage commercial quand
ils n’étaient pas simplement des ouvrages d’érudition. Les plus anciens remontent
au iv
e
siècle av. J.‑C., mais supposent l’existence de modèles antérieurs.
La connaissance des vents est tout aussi essentielle dans un système où domine
la navigation à voile. Les vents dominants sont indispensables aux longues traver-
sées. Ils sont en outre bien établis et réguliers, comme les célèbres vents étésiens,
et permettent d’arriver sûrement à destination, à condition cependant de souf-
fler dans le bon sens. Ainsi, les Anciens parlent de « vent favorable » lorsqu’il
souffle dans la direction de la destination finale et de « vent défavorable »
lorsqu’il s’oppose à la marche du navire dans la direction recherchée. Selon la desti-
nation, le même vent dominant sera ainsi favorable ou défavorable. Ces vents ont
été associés très tôt aux points cardinaux, puis aux directions intermédiaires. Ils
formaient ainsi une rose des vents qui est passée de 4 vents à l’époque d’Homère
à 24 à l’époque d’Auguste. Mais Pline (
Hist. nat.
, II, 119) juge la rose à 12 vents
déjà trop subtile et, dans la pratique, on devait se limiter à la rose à 8 vents. Les
vents régionaux, tels le mistral, la bora, le meltem ou le sirocco, jouent aussi un
rôle important en favorisant la progression du navire, ou en s’y opposant. Leur
violence et leur soudaineté sont souvent un danger, mais ils permettent aussi,
lorsqu’ils sont contrôlés, de progresser dans des directions opposées à celles des
vents dominants. Quant aux brises thermiques qui soufflent de la terre ou de la
mer au moment du coucher et du lever du soleil, elles étaient bien connues des
marins de l’Antiquité. Ils les utilisaient pour les entrées et les sorties de port ou
pour progresser le long d’une côte contre un vent dominant établi durant le jour.
Quant à la connaissance des astres, elle est nécessaire pour se repérer lorsque
les côtes sont perdues de vue ou pour la navigation nocturne. De jour, le repé-
rage se fait d’après la position du soleil, et de nuit, d’après la position des constel-
lations parmi lesquelles l’Ourse occupe déjà une place privilégiée. La navigation
nocturne est en effet attestée dès Homère (
Odyssée
, V, 270‑278), et selon la
tradition historiographique (Pline,
Hist. nat.
, VII, 56) l’observation des astres
à l’usage de la navigation serait une invention phénicienne. Mais que le ciel se
couvre, rendant l’observation des astres impossible, alors la navigation en haute
mer, sans repère, devient aléatoire et périlleuse.
Lorsqu’il est nécessaire de quitter les côtes de vue pour une traversée en haute
mer, le pilote du navire, dépourvu de tout instrument, a recours à la navigation
à l’estime qui consiste à évaluer la direction à suivre et la distance parcourue selon