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Identification

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autorisations de déplacements, cartes de sûreté, registres de police, patente de

santé, etc.). Mais, d’une part, les rares documents permanents (preuve écrite d’af-

franchissement ou de citoyenneté dans le monde antique par exemple) ne consti-

tuaient pas de preuves suffisantes ; d’autre part, nombreux étaient les « documents

d’états passagers », valables seulement pour une action : l’entrée dans un territoire,

la sortie ou la libre circulation durant une période déterminée (documents de

congés pour les soldats, permis de circuler pour les officiels par exemple). Ainsi,

les documents ne faisaient pas partie d’un système « permanent » de contrôle ; ils

n’étaient qu’un élément dans un faisceau de preuves, même si, à certaines périodes,

dans l’Empire romain tardif, par exemple, l’écrit a pris plus de poids. C’est aussi le

cas à la fin de l’époque moderne avec, dans la France du xvii

e

siècle, la réglemen-

tation croissante de la navigation maritime grâce au système des classes introduit

pour contrôler la population des marins et le commerce maritime de cabotage, ou

avec le contrôle intensifié au xviii

e

du monde des logeurs. On peut observer dès

lors une tentative de catégoriser les groupes que l’on vise à contrôler, et une stan-

dardisation des papiers avec le passage aux formulaires imprimés (pour les congés

établis par les municipalités et les patentes rédigées par les bureaux de santé, docu-

ments à présenter dans la ville ou le port suivant ; ou encore les questionnaires

imprimés utilisés par la Rédemption des captifs à Naples au xviii

e

siècle pour les

interrogatoires de témoins afin de vérifier des demandes de rachat). Toutefois,

cette identification reste fragile, ponctuelle, fragmentaire, et repose sur la conviction

des contrôleurs plus que sur des critères objectifs.

Les logiques des contrôles

Toutes les sociétés n’éprouvent toutefois pas le besoin d’identifier toutes les per-

sonnes qui vivent sur leur territoire. Selon les lieux et les temps, les logiques et

les moyens varient, comme les catégories concernées. Les cités antiques et les

villes médiévales et modernes se sont surtout préoccupées de différenciation

positive, c’est-à-dire d’identité politique et civique. À Athènes, par exemple, les

registres les plus importants étaient ceux des dèmes (circonscriptions administra-

tives) sur lesquels les citoyens mâles étaient inscrits à l’âge de 18 ans ; une véri-

fication, ou « docimasie », était menée par les membres du dème pour savoir si

le nouvel aspirant avait bien 18 ans, était « libre et né selon les lois » (Aristote,

Constitution des Athéniens

, 42, 1) ; puis les listes des nouveaux inscrits étaient

vérifiées à leur tour par la Boulè, le conseil qui dirigeait les affaires civiques. Dans

la Rome républicaine, les citoyens mâles adultes, et eux seuls, étaient recensés

lors de la cérémonie du

census

, tous les cinq ans, et, si les documents émis à cette

occasion ne constituaient pas à proprement parler des registres d’état civil, ils