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Identification

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Identification

Antiquité – Époque moderne

Les formes de contrôle et les procédures d’identification des personnes n’ont

pas en Méditerranée une histoire linéaire ni unifiée. La formation des États-

nations a en effet constitué une vraie rupture : dans des territoires « nationaux »

aux confins bien fixés, une distinction univoque et convergente s’impose entre

l’étranger, le citoyen, le national et l’apatride et se trouve attestée par des docu-

ments d’identification permanents où la rubrique « citoyenneté » ou « nationa-

lité » définit de manière tranchante celui qui est dedans et celui qui est dehors.

Pour les périodes précontemporaines, au contraire, et

a fortiori

dans un espace

méditerranéen marqué par un pluralisme politique, culturel, religieux, consi-

dérer une « grammaire nationale » visant à fixer les gens de manière définitive

serait anachronique, tant les rapports d’inclusion/exclusion étaient multiples,

tant il y avait de l’interdépendance, de la « cosmopolitisation » même, c’est-à‑dire

une multidimensionnalité des appartenances et des identifications, tant enfin les

changements de statut étaient fréquents. De ce fait, les procédures de contrôle

et d’identification obéissaient à des logiques multiples qui, loin de s’exclure les

unes les autres, se cumulaient le plus souvent. L’analyse des raisons, formes et

modalités de l’« identification » se pose ainsi comme alternative à une enquête

sur les « identités » qui fixe et essentialise les catégories socioculturelles dans les

sociétés du passé.

La notion d’identification

Une identification peut se dérouler dans trois contextes : un individu ou une

institution cherche à identifier une personne, afin de la fixer dans un rôle précis

(cens, cadastre, etc.) ; ou bien il cherche à donner des éléments d’identification