
Identification
667
Identification
Antiquité – Époque moderne
Les formes de contrôle et les procédures d’identification des personnes n’ont
pas en Méditerranée une histoire linéaire ni unifiée. La formation des États-
nations a en effet constitué une vraie rupture : dans des territoires « nationaux »
aux confins bien fixés, une distinction univoque et convergente s’impose entre
l’étranger, le citoyen, le national et l’apatride et se trouve attestée par des docu-
ments d’identification permanents où la rubrique « citoyenneté » ou « nationa-
lité » définit de manière tranchante celui qui est dedans et celui qui est dehors.
Pour les périodes précontemporaines, au contraire, et
a fortiori
dans un espace
méditerranéen marqué par un pluralisme politique, culturel, religieux, consi-
dérer une « grammaire nationale » visant à fixer les gens de manière définitive
serait anachronique, tant les rapports d’inclusion/exclusion étaient multiples,
tant il y avait de l’interdépendance, de la « cosmopolitisation » même, c’est-à‑dire
une multidimensionnalité des appartenances et des identifications, tant enfin les
changements de statut étaient fréquents. De ce fait, les procédures de contrôle
et d’identification obéissaient à des logiques multiples qui, loin de s’exclure les
unes les autres, se cumulaient le plus souvent. L’analyse des raisons, formes et
modalités de l’« identification » se pose ainsi comme alternative à une enquête
sur les « identités » qui fixe et essentialise les catégories socioculturelles dans les
sociétés du passé.
La notion d’identification
Une identification peut se dérouler dans trois contextes : un individu ou une
institution cherche à identifier une personne, afin de la fixer dans un rôle précis
(cens, cadastre, etc.) ; ou bien il cherche à donner des éléments d’identification