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Identification

680

Dès le milieu du xix

e

siècle, l’enregistrement judiciaire connaît plusieurs

réformes majeures comme la conversion de registres en fiches, la création

des casiers judiciaires ou l’introduction de la photographie judiciaire. À partir des

années 1880, des services spécialisés sont installés dans la plupart des grandes

métropoles, tout d’abord à Paris (1888), puis à Barcelone (1895), Rome (1902),

Madrid (1908) ou Istanbul (1911). Dans l’espace colonial français d’Afrique du

Nord, la création de services similaires se déroule simultanément à Tunis (1890)

puis à Alger (1892). Ces institutions réalisent une rationalisation des techniques

d’identification par le corps et l’adoption de méthodes innovantes telles que

les mensurations et surtout l’empreinte digitale dont l’usage se généralise dans

l’entre-deux-guerres. Théoriquement, c’est désormais par des signes détachés du

corps que les individus suspects, et tous ceux qui se rattachent à cet ensemble

mouvant, peuvent être identifiés, recherchés et reconnus lors d’une arrestation.

L’appartenance nationale

À partir des années 1850, un droit de la nationalité, instauré dans toute l’aire

méditerranéenne, définit les manières de bénéficier du titre de citoyen national

et permet d’attribuer à tous les individus une nationalité pleine et entière. Une

Loi sur la nationalité de 1869 fixe, par exemple, les règles appliquées dans tout

l’Empire ottoman. Le droit des étrangers se développe simultanément et condi-

tionne, surtout après 1880, l’adoption de mesures d’identification destinées à la

fois à garantir leur statut et à limiter leur accès à certains droits. Des documents

d’identité spécifiques apparaissent, comme des cartes de résidents étrangers ou

des certificats d’immatriculation. Les municipalités entretiennent, par l’intermé-

diaire des autorités de police, un enregistrement précis des étrangers résidents,

logés dans leur commune. Pour les pays d’émigration, comme l’Italie, un enre-

gistrement précis est mis en place dans le cadre d’une régulation des départs.

Peu à peu, une surveillance individuelle des mobilités internationales s’impose

comme la norme, sous l’influence croisée du nationalisme et des impératifs éco-

nomiques de la régulation.

Au lendemain de la Première Guerre mondiale, plusieurs facteurs renforcent

encore davantage le principe de la nationalité et accélèrent la diffusion des pra-

tiques d’identification dans tous les pays de la Méditerranée :

la période de

reconstruction qui amplifie le déplacement de la main-d’œuvre étrangère, l’affir-

mation d’un droit international de la nationalité, le démantèlement des empires

qui provoque d’importants déplacements de populations. Après 1918, le passage

des frontières et la maîtrise des circulations deviennent des enjeux éminemment

stratégiques et favorisent ainsi le rétablissement du « passeport ». Au cours des