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Échanges commerciaux

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Échanges commerciaux

Antiquité

« Qui êtes-vous ? D’où venez-vous, par les routes humides ? Êtes-vous des mar-

chands, ou errez-vous à l’aventure, tels les pirates sur les eaux qui vont rôdant,

risquant leur vie en attaquant les nations d’autre langue ? » Telle est la ques-

tion posée à Télémaque cherchant son père (Homère,

Odyssée

, III, 72‑75) puis

à Ulysse (

ibid

., IX, 252‑255) lorsqu’ils abordent de nouveaux rivages. Car entre

le viii

e

et le vi

e

siècle av. J.‑C., pour les Grecs, qui vont naviguer dans le sillage des

Phéniciens à la recherche de métaux, les échanges commerciaux en Méditerranée

s’apparentent plutôt à des épopées, menées par des aventuriers, aristocrates en

mal de conquête et de gloire ou déshérités cherchant à survivre ailleurs que sur

la terre de leurs aïeux, morcelée et devenue insuffisante pour les nourrir. La

Méditerranée s’ouvre aux échanges maritimes à partir du ix

e

siècle avec l’expan-

sion phénicienne et grecque de l’Orient vers l’Occident, même si les Minoens

puis les Mycéniens au II

e

millénaire ont amorcé le mouvement. Elle devient

rapidement un espace d’échanges, où les progrès de la navigation favorisent les

relations entre les différents peuples vivant sur son pourtour, Phéniciens, Grecs,

Étrusques et autres. Certes, l’historiographie a longtemps minimisé l’ampleur de

ces déplacements, car elle était partagée entre partisans de la thèse dite « primi-

tiviste », longtemps clé de lecture de l’économie grecque, et « modernistes ». Les

premiers diffusaient la vision d’une société antique impliquée essentiellement

dans une économie agraire de subsistance et peu soucieuse d’édicter des règles

commerciales ou de mener une réflexion politique sur le sujet (Moses I. Finley),

les seconds étaient partisans d’une économie largement dominée par les échanges

commerciaux (théorie reprise et développée récemment par Alain Bresson). Sur

ce débat ancien est venu s’en greffer un autre qui conditionne encore notre vision

des échanges en Méditerranée : la thèse d’un Braudel, faisant de la Méditerranée

un espace spécifique, constitué d’espaces autonomes qui « ont tendance à vivre