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Échanges commerciaux

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présents et participent activement au commerce interrégional et international,

mais ne disposent pas de structures financières solides semblables à celles des

Italiens, ni d’un réseau de relations internationales pouvant atteindre les ports

de la mer du Nord. Dans leurs relations avec le Maghreb et al-Andalus, ainsi

qu’avec l’Égypte et la Syrie, ces nations marchandes ont obtenu des concessions

extraterritoriales, notamment des fondouks pour héberger personnel diploma-

tique, tel le consul, et hommes d’affaires, et stocker leurs marchandises. Leur

a également été accordé le droit d’y construire une chapelle pour pratiquer libre-

ment leur culte, un four pour cuire leur pain, de disposer de leur propre cime-

tière et d’aller au bain public une fois par semaine. Dans ces enclaves protégées

par le sultan, les marchands occidentaux jouissent encore de l’exercice de leur

propre justice, de l’usage de leurs poids et mesures, ainsi que de la liberté de

consommer du vin.

Transport maritime et techniques commerciales

Examiner la question du transport maritime en Méditerranée au Moyen Âge

permet de cerner l’évolution du trafic des marchandises et de tracer les grandes

routes empruntées par le marchand dans sa quête de profit. La diversité des

moyens de transport et des techniques commerciales crée les conditions favo-

rables au rapprochement des zones de production et des centres de consomma-

tion et donc à la multiplication des échanges commerciaux.

Dès le xii

e

siècle, on constate une diversité de navires sillonnant la Méditerranée

pour transporter toutes sortes de marchandises. Il ne s’agit pas, dans la plupart des

cas, d’un transport spécialisé. La lecture des lettres de chargement des archives du

marchand toscan de Prato, Francesco di Marco Datini (1335‑1410), donne une

idée des types de navires transportant les épices et le sucre, mais aussi nombre de

matières premières, coton, lin et alun, des ports du Levant vers les grandes cités

maritimes. Sans trop schématiser, il convient de souligner la prépondérance des

marines de Gênes, de Venise et des ports catalans et aragonais impliqués dans le

trafic des marchandises, sans qu’il y ait un monopole quelconque imposé par une

seule ville. On peut relever toutefois les spécificités de chaque marine. Les Vénitiens,

les premiers à avoir instauré le système des

mude

(convoi maritime régulier orga-

nisé par l’État de Venise) dès le début du xiv

e

siècle, ont centré leur trafic sur les

épices d’Orient. Des navires privés complètent le convoi de bâtiments vénitiens

chargés de transporter les marchandises. En revanche, le commerce de Gênes est

laissé entièrement à l’initiative privée ; les marchands génois s’intéressent davan-

tage aux produits de masse comme le blé, le coton et l’alun, alors que les épices

ne constituent qu’un complément de chargement, mais qui est assez précieux.