Zones marines protégées | Briand, Frédéric

Zones marines protégées 1572 politiques maritimes entre pays de l’Union européenne et « pays de voisinage » ne sera qu’un concept, qu’un horizon distant. Des fragments notables de la biodiversité méditerranéenne – le corail rouge, le mérou et le phoque moine entre autres exemples emblématiques – ont déjà payé un lourd tribut à leur coexistence avec notre espèce. Aussi est-il urgent de mettre en place, à l’échelle régionale, une politique de protection marine ambitieuse et cohérente afin de restaurer et préserver en Méditerranée ce qui peut encore l’être de la surpêche, du tourisme intensif, du réchauffement global, de l’exploration offshore de pétrole et de gaz, des assauts continus du bétonnage du littoral, de l’urbanisation, de la pollution, d’un trafic maritime en pleine expansion, etc. Le défi immédiat est clair : d’abord multiplier au moins par cinq le bien maigre niveau de protection actuel pour le rapprocher à l’horizon 2020 de l’engage- ment pris à Nagoya en 2010 par la Convention sur la diversité biologique ( cdb ) – à savoir protéger au moins 10 % de l’océan mondial ; appliquer ensuite à l’échelle régionale un système rigoureux, soit un réseau de Zones marines protégées éco­ logiquement connectées, qui rassemble les composantes et les ensembles marins les plus vulnérables, les plus menacés, les plus fonctionnels, les plus représentatifs et les plus rares. Tout cela n’aura de sens que si les gouvernements méditerranéens se mobilisent collectivement pour imposer un cadre législatif maritime régional qui soit enfin perçu par tous les acteurs maritimes comme étant d’intérêt général. Que protéger en Méditerranée ? La Méditerranée mérite une protection à la hauteur de son riche patrimoine naturel et de la grande variété de ses habitats marins. Si elle ne couvre que 0,8 % de la surface océanique mondiale, elle abrite d’après les plus récentes estimations 10 % de toutes les espèces marines recensées dans les mers du globe. Et sur les 17 000 espèces méditerranéennes connues – chiffre promis à une réévaluation à la hausse en raison de l’avancement rapide de nos connaissances des micro­ organismes marins et des abysses –, un grand nombre (28 %), ayant évolué dans cette mer quasiment fermée à l’écart de l’océan mondial, sont endémiques et donc dignes d’attention particulière. Par ailleurs, l’histoire géologique, complexe et dynamique, du bassin médi- terranéen explique la présence d’une variété surprenante d’habitats marins « extrêmes » dont la vie n’est pas absente, que ce soient des bassins hypersalins profonds, des volcans de boue, des canyons sous-marins, ou des sources hydro- thermales d’une grande valeur intrinsèque pour la conservation. Y prospèrent des organismes marins, surtout bactériens, ayant mis en place des stratégies adap- tées à des milieux à haute pression qui peuvent être riches en sulfure, acides,

RkJQdWJsaXNoZXIy NDM3MTc=