Zones marines protégées | Briand, Frédéric

Zones marines protégées 1571 Zones marines protégées Le constat Les Zones marines protégées ( zmp ) rendent des services précieux à plus d’un titre. Qu’elles servent de refuge, qu’elles confortent l’intégrité et la résilience de l’écosystème marin, ou qu’elles restaurent des services écologiques dégradés, leurs bénéfices ne laissent plus place au doute. Les chercheurs en ont apporté la preuve sous diverses latitudes : les réserves favorisent la biodiversité et la rési- lience des écosystèmes, augmentent significativement la densité, la biomasse et la taille des espèces commercialement exploitées hors périmètre. Alors que l’Australie vient d’annoncer l’extension de ses Zones marines pro- tégées à hauteur de 3,1 millions de kilomètres carrés – soit plus du tiers des eaux placées sous sa juridiction et, au passage, plus que la surface totale de la Méditerranée –, à peine 4 % de la mer Méditerranée sont aujourd’hui placés sous une forme ou une autre de protection. Moins de 2 % en fait – quelque 50 000 km 2 – si l’on tient compte de la réalité du terrain et ignore les réserves marines qui n’ont d’existence que sur le papier. Ce pourcentage apparaît bien dérisoire. Dans le bassin méditerranéen, les Zones marines protégées sont essen- tiellement côtières, ignorant l’essentiel de la haute mer et des zones profondes, et ont le plus souvent la taille de confettis. Fait inquiétant, elles ne sont ni représen- tatives de la biodiversité marine méditerranéenne, ni cohérentes écologiquement. Cet échec flagrant est lié tout autant à l’absence de vision et de volonté poli- tique de protéger un patrimoine naturel tenu à tort largement pour acquis qu’à la nature hétérogène et hyper-fragmentée de la gouvernance maritime dans une mer régionale que partagent désormais 22 pays côtiers. La situation n’est pas favorisée par notre méconnaissance de la biodiversité des fonds marins, ni par un contexte historique clivant. Cette région du globe, façonnée par des conflits anciens, reste plus que jamais marquée d’une rive à l’autre du sceau de la méfiance. Le dialogue politique n’est jamais simple en Méditerranée. Faute d’entente basée sur le partage et sur la bonne intelligence, l’harmonisation des

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