Vigne | Lignon-Darmaillac, Sophie

Vigne 1518 de la bénédiction du shabbat juif. Il souligne l’aspect solennel de la coupe ver- sée pour louer Dieu. Avec l’avènement du christianisme, le vin, par l’opération de la transsubstantiation eucharistique, devient présence du Christ et renforce la place de la vigne dans tous les pays de la Chrétienté, bien au-delà des rivages méditerranéens. En terre d’Islam, le vin est réservé au paradis où couleront des « ruisseaux d’un vin délicieux à boire » (Coran, sourate XLVII, Muhammad, verset 15). Il est le nectar réservé aux élus d’Allah, mais interdit sur terre pour éviter les effets de l’ébriété sur la récitation de la prière. Ainsi, si la relation entre le vin et le divin est reconnue par chacune des trois grandes religions monothéistes, elle signe une profonde dichotomie entre les rives méditerranéennes, chrétienne au nord, musulmane au sud. Certes, à l’ex- ception des rives désertiques libyennes et égyptiennes, le vignoble est partout présent en Méditerranée, mais dans des proportions très inégales, consacré à des usages différents. Ces espaces de production reflètent l’inégale consommation de vin qui dessine, selon des frontières religieuses, une géographie culturelle indé- pendante des facteurs naturels. Le vin, source d’inspiration artistique partout en Méditerranée Roger Dion rappelle, dans son Histoire de la vigne et du vin en France, des ori- gines au xix e siècle , que les Grecs et les Romains pratiquèrent la viticulture non seulement pour le profit, mais aussi comme un art, pour la seule joie du maître de la vigne. Par sa forte valeur symbolique, le vin marque le cadre culturel de la Méditerranée égyptienne, gréco-romaine ou judéo-chrétienne. Osiris, dieu de la Terre et des Morts, est souvent représenté enseignant aux hommes la culture de la vigne et l’art de faire du vin. Plus tard, dans la Grèce classique, le vin est associé au culte de Dionysos, très souvent représenté sur les récipients réservés au service du vin. À travers les cérémonies qui lui sont consacrées, le dieu de la Vigne et du Vin inspire les poètes et se convertit en protecteur des arts drama- tiques. Le caractère orgiaque et libertaire des cérémonies qu’il préside se retrouve plus tard dans celles orchestrées par Bacchus. Les bacchanales qui rythment le cycle de la vigne et de l’élaboration du vin sont autant de fêtes joyeuses, parfois jugées tout à fait scandaleuses ! Mosaïques et sculptures, plus tard peintures de la Renaissance, ont été inspi- rées par les bacchanales antiques et la symbolique judéo-chrétienne qui ont fait de la vigne et du vin la source même de leur inspiration artistique. L’iconographie religieuse multiplie les représentations de vendanges mystiques, de noces de

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