Transhumance | Mahdi, Mohammed; Brisebarre, Anne-Marie

Transhumance 1480 Diversité des transhumances Les géographes distinguent trois grands types de transhumances : la plus répan- due, la transhumance « normale » ou « directe », conduit l’été les grands troupeaux venus des plaines jusque sur les alpages d’altitude ; la transhumance « inverse » ou « indirecte » fait descendre en hiver les bestiaux des villages montagnards vers les plaines ; la transhumance « double » ou « pendulaire », la moins fréquente actuellement, combine successivement ces deux mouvements. Autrefois effectué à pied par des chemins réservés aux troupeaux, drayes, carreras , vias pecuarias (Vidal Gonzales et Burgos, 2006), le voyage pouvait durer plusieurs semaines. La transhumance est aujourd’hui très souvent moto- risée, au Nord comme au Sud : en Europe, dès la fin du xix e siècle, des trains spéciaux conduisaient les troupeaux jusqu’au pied des alpages, avant que les bétaillères ne les remplacent. Jusqu’à la fin de la période coloniale, entre le Sud et le Nord du bassin méditerranéen, il existait une transhumance dite « commerciale » : des troupeaux ovins d’Afrique du Nord, achetés par des négo- ciants et des bouchers, étaient transportés dans des cargos jusqu’à Marseille, puis envoyés sur des pâturages des Alpes du Sud pour un rapide engraisse- ment avant d’être vendus pour l’approvisionnement en viande des grandes villes (Lebaudy, 2003). Le nomadisme méditerranéen, forme très ancienne de mobilité caractéri- sée par la recherche permanente de parcours et le déplacement avec le troupeau de l’ensemble du groupe humain s’abritant dans un habitat mobile (tente ou yourte), est parfois associé à la transhumance : ainsi, certains nomades sahariens accomplissent une transhumance pour passer d’une zone de nomadisme à une autre, en particulier lorsque ces territoires sont séparés par des espaces dont ils ne peuvent s’approprier les pâturages. Pâturages et droits d’usage La transhumance est souvent l’affaire de la collectivité, qu’il s’agisse de l’organi- sation du voyage, du regroupement des bêtes, de la désignation ou du recrute- ment des bergers (entrepreneurs de transhumance, bergers salariés, propriétaires gardant à tour de rôle…), ou de la gestion des parcours. Les pâturages sur les- quels les troupeaux devront se nourrir pendant plusieurs mois sont encore sou- vent des terres collectives dont l’accès est soumis à des règles d’usage. Ainsi, au Maroc, les troupeaux estivent sur des espaces montagnards sylvo-pastoraux de statut collectif dont le nom berbère, agdal (pluriel : igoudlane ), désigne à la fois

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