Transhumance | Mahdi, Mohammed; Brisebarre, Anne-Marie

Transhumance 1481 le parcours et les règles qui le régissent. Au printemps, des mises en défens sont décidées d’un commun accord, permettant un repos de la végétation, l’établisse- ment des jeunes semis et la pérennité de l’écosystème. De même, les dates d’ou- verture du parcours sont fixées par la collectivité (Auclair et al ., 2007). Dans le Sud de la France, le statut foncier des alpages peut être collectif (domanial, communal ou sectionnal) ou privé : dans des hameaux de la montagne céve- nole, des pâturages « indivis » existent encore et relèvent de la propriété privée à usage collectif, dont la part de chaque propriétaire est comptabilisée en termes de « nuits de fumature », correspondant au nombre de nuits pendant lesquelles le parc où couche le troupeau transhumant venu du bas pays est placé sur les terres de culture (Brisebarre, 1992). Transhumance et sacré Le voyage de transhumance et le séjour dans des espaces éloignés des habi- tats humains s’accompagnent souvent de pratiques rituelles destinées à proté- ger les hommes et les bêtes de dangers potentiels. Au Nord comme au Sud, en milieu catholique ou musulman, on demande aux « saints » de veiller sur les transhumants : bénédictions lors du départ des troupeaux décorés pour la cir­ constance, prières prononcées au passage dans des lieux sacrés et porteurs de légendes (chapelles, croix, cairns…), pèlerinages et fêtes (moussem) , sacrifices (tombeaux des saints, sources sacrées…), dons animaux ou végétaux aux esprits des lieux (Brisebarre, 2013 ; Mahdi, 1999). À l’Oukaïmeden, dans le Haut- Atlas marocain, un cycle rituel de quinze jours débute la veille de l’ouverture du parcours. Cette nuit est appelée la nuit d’Oukaïmeden, Id n’Oukaïmeden, ou encore A’arafa n’Oukaïmeden, en référence au stationnement des pèlerins à La Mecque. Le cycle prend fin par une collecte de mottes de beurre offertes par les transhumants aux descendants du saint Sidi Fares. Tout au long de ce cycle sont célébrés des rites individuels et collectifs, masculins et féminins. Une activité patrimonialisée ? Dans les pays du Nord de la Méditerranée, dans un contexte d’interrogations sur l’avenir et de promotion d’une agriculture respectueuse de l’environnement et porteuse de développement durable, l’élevage transhumant jusqu’alors consi- déré comme archaïque se voit revalorisé en tant que mode de vie générateur de produits « naturels » et « authentiques » (Fabre et al ., 2002). Des associa- tions, des écoles, des musées et des maisons de la transhumance ont été créés.

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