Séisme et volcanisme | Choukroune, Pierre

Séisme et volcanisme 1371 On peut schématiquement classer les séismes méditerranéens en deux types. Le premier concerne les limites de plaques convergentes impliquant du maté- riel océanique. Les hypocentres des séismes sont distribués dans des plans à faible pendage le long desquels la partie océanique d’une des deux lithosphères conver- gentes peut disparaître sous l’autre : c’est le phénomène de subduction. Le rap- prochement des plaques lithosphériques en présence s’effectue en diminuant la surface de celle qui s’enfonce sous l’autre. C’est le cas de la lithosphère océanique de la plaque Afrique qui disparaît sous la lithosphère continentale eurasiatique au large de la Grèce. Cette subduction est directement responsable des séismes grecs (Brun et Faccena, 2008). C’est un séisme de ce type qui abat, en 292 av. J.‑C., le colosse de Rhodes. Callimaque de Cyrène, dans son répertoire des « Merveilles », en avait donné les dimensions. Depuis un siècle, une dizaine de séismes de magnitude égale ou supérieure à 6 ont ébranlé les Cyclades. Corinthe est presque entièrement détruite en 1928. Un tsunami destructeur ravage Naxos, Patmos et Santorin avant de parvenir aux côtes crétoises en 1956. Les plus récents séismes impor- tants frappent la région d’Athènes en 1999 et l’île de Rhodes en 2008. La Grèce est la région la plus sismique de la Méditerranée (planche VIII). Le deuxième type de séismes intervient lorsque les parties lithosphériques continentales convergentes sont en contact. Pour des raisons gravitaires, la sub- duction est alors impossible. La seule façon d’absorber la convergence est la déformation de ces domaines en les raccourcissant grâce à des déplacements le long de failles sismiques. Le domaine affecté est large et diffus, chaque dépla- cement le long de l’une d’entre elles nécessitant un réajustement sur une autre, et s’étend largement au-delà des limites des unités lithosphériques en présence. Les séismes de l’Afrique du Nord, du Sud de l’Espagne, les séismes alpins, italiens, turcs et iraniens sont de ce deuxième type (planche VIII). En 1960, le tremblement de terre d’Agadir détruit la ville et fait 15 000 morts. En Algérie, depuis le séisme d’El Asnam en 1980, sept événements de magnitude supérieure à 5,5 affectent Alger, Constantine, Mascara. En 2011, le séisme de Lorca, dans la province de Murcie, fait 15 000 sans-abri. Le domaine apulien (schématiquement l’Italie) mérite une mention parti- culière dans la mesure où il constitue une unité lithosphérique distincte, entrée en collision avec l’Europe il y a 100 millions d’années pour former la chaîne alpine. Cet éperon continue aujourd’hui d’être poussé vers le nord par le dépla- cement de l’Afrique qui se fait à une vitesse de l’ordre du centimètre par an. Il en résulte une cinématique de la péninsule particulière et complexe (morcelle- ment en sous-unités lithosphériques, incidence sur les mers Ligure, Tyrrhénienne et l’Adriatique…) que nous ne détaillerons pas ici. Retenons simplement que la totalité de la péninsule est mise sous contrainte et donc le caractère très général

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