Séisme et volcanisme | Choukroune, Pierre

Séisme et volcanisme 1372 de la séismicité qui l’affecte. De la Sicile et la Calabre au sud jusqu’au Frioul et aux Alpes au nord, en passant par la Campanie centrale, aucune région n’est épargnée : 1908, séisme de Reggio de Calabre et Messine, 95 000 morts ; 1915, séisme dans les Abruzzes (Italie centrale, près d’Aquila, qui tremblera à nouveau en 2009), 30 000 morts ; 1968, séismes de magnitude 6 dans le Val d’Aoste ; mai 2012, séisme de magnitude 5,8 en Émilie-Romagne… Une situation singulière est propre aux séismes turcs. Sous l’effet de la remontée de l’Arabie vers le nord, l’Anatolie est éjectée vers l’ouest avec une vitesse de 3 centimètres par an en utilisant une très grande faille, la faille nord-­ anatolienne qui s’étend de l’Arménie à l’est jusqu’en mer de Marmara à l’ouest (Özeren et Holt, 2010). Depuis 1914, huit séismes majeurs de magnitude 7 et plus s’y sont produits. Le dernier, le séisme d’Izmit, a eu lieu en 1999 et a fait plus de 20 000 morts. Observant une progression des événements sismiques de l’est vers l’ouest, les géophysiciens craignent de les voir se rapprocher d’Istanbul (Armijo et Pondard, 2006). Le volcanisme Dans un contexte général de convergence avec subduction, le volcanisme est une conséquence de la fusion du matériel océanique plongeant dans les zones asthénosphériques profondes. La composition du matériel émis en surface est alors un mélange de ce matériel océanique, du matériel mantellique riche en éléments ferromagnésiens dits « basiques », et du matériel crustal continental traversé et donc affecté, lui-même, par la fusion partielle, plus riche en silice, et dit « acide ». L’archipel des Cyclades, chapelet d’îles volcaniques qui traverse la mer Égée sur 400 km, présente six volcans principaux considérés comme actifs, constituant typiquement un arc volcanique. Ce sont d’ouest en est : Égine, Milos, Santorin, Kos, Yali et Nisyros. Une zonation de la composition des laves émises (de plus en plus pauvres en silice, donc de plus en plus basiques) vers l’intérieur de l’arc confirme la liaison subduction-volcanisme (Krafft, 1974). Une mention spéciale doit être faite concernant Santorin, car il s’y est produit le plus grand cataclysme naturel que l’homme ait connu. Aujourd’hui, il ne reste de l’appareil volcanique que cinq îles dont trois d’entre elles (Therasia, Thera et la plus petite, Aspronisi) dessinent un ovale d’une douzaine de kilomètres dans son grand axe de direction nord-sud. Au centre de cet ovale, apparaissent deux autres îles : Palea Kameni et Nea Kameni. Avant l’éruption, le cône volcanique de Santorin, dessiné par l’ovale des trois îles externes, était totalement émergé et avait une hauteur sans doute voisine de 1 000 m. Des recherches archéo- logiques et géologiques, tant en mer que sur terre, ont permis de reconstituer

RkJQdWJsaXNoZXIy NDM3MTc=