Présides | Martin Corrales, Eloy

Présides 1313 la présence espagnole à Ceuta, Melilla, sur le Peñón de Vélez de la Gomera, sur celui de Alhucemas et dans les îles Zaffarines. Les enclaves furent conçues comme des plates-formes destinées à consolider une progressive domination européenne sur le Nord de l’Afrique. Par consé- quent, elles étaient appelées à remplir des fonctions militaires, politiques, écono- miques et culturelles. Cependant, la résistance tenace des sociétés musulmanes condamna lesdites enclaves à jouer un rôle essentiellement défensif, d’autant plus que les efforts portugais étaient désormais tournés vers le golfe de Guinée et l’Extrême-Orient, et ceux des Espagnols vers l’Amérique. De là vient leur qua- lification de presidios , terme qui en latin signifie « place forte », ou de positions fortifiées en territoires frontaliers. Une fois abandonné le projet de devenir les fers de lance de la conquête de l’intérieur des terres, la fonction de ces places fortes fut limitée à celle, plus modeste, d’entraver l’activité corsaire nord-africaine contre les côtes et la flotte espagnoles. Les présides furent maintenus sous domination espagnole car ils pouvaient constituer les meilleurs emplacements pour les corsaires maghrébins. Les presidios furent également une sorte de champ de bataille pour des aventu- riers en quête de gloire et de prestige qu’ils pouvaient obtenir en luttant contre l’éternel ennemi musulman qui, sans cesse, attaquait les enceintes des villes. Ils devinrent également des lieux de déportation de nombreux opposants à la monarchie ainsi que de maints sujets condamnés par la justice. La situation de ces places fortes, implantées en plein territoire nord-africain, et les tentatives répétées des monarques marocains visant à les récupérer, expliquent leur hostilité permanente envers les troupes des sultans et surtout les popula- tions voisines, tout au moins une partie d’entre elles. En conséquence, jusqu’au début du xx e siècle, Ceuta – qui passe de la sou- veraineté portugaise à la domination espagnole en 1669 – et Melilla vécurent des siècles de difficultés et de tourments. Elles furent systématiquement atta- quées par les Marocains vivant à leurs frontières et assiégées à plusieurs reprises par les troupes du sultan (Ceuta, 1697‑1728 ; Melilla, Ceuta et Alhucemas, 1774‑1775 ; Ceuta, 1791‑1792). Cela explique que l’économie de ces places fortes (approvisionnement en vivres et fournitures indispensables à leur subsis- tance) était fondamentalement dépendante des ports espagnols et en particulier andalous. L’intérêt des monarques espagnols était de conserver ces places, de maintenir les troupes qui y étaient cantonnées, mais également d’assurer la pré- sence d’une population civile composée de familles des militaires, de commis et employés des approvisionneurs, de marins, de pêcheurs (à l’époque moderne, la madrague de Ceuta fut l’une des plus importantes d’Espagne), de commerçants, de religieux et de personnes se consacrant à toutes sortes d’activités.

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