Plantes médicinales | Bellakhdar, Jamal

Plantes médicinales 1256 En fonction de la disponibilité des ressources en eau et de la nature des sols, on rencontrera dans cette région trois principaux types de formations végétales naturelles : – la forêt, formée généralement de pins d’Alep ou de pins pignons. Cette formation, en progression depuis un siècle, se retrouve aujourd’hui partout, sur- tout celle à pin d’Alep, une espèce à forte croissance capable d’occuper le terrain très rapidement. De manière exceptionnelle, dans les régions les plus arrosées (Ligurie, Toscane, Rif, Turquie), on trouve encore quelques forêts de feuillus (chêne pubescent, chêne tauzin, chêne chevelu), derniers témoins d’une époque plus humide ; – la garrigue (ou matorral calciphile), sur les sols calcaires, dans laquelle dominent le chêne kermès ou le chêne vert. Il s’agit d’une végétation basse, consi- dérée comme un stade de dégradation de la forêt méditerranéenne originelle. Cette dégradation étant continue, son état final est la steppe. La garrigue effec- tue donc la jonction entre la forêt primaire et les steppes herbacées ; – le maquis (ou matorral acidiphile), sur les sols siliceux, organisé essentielle- ment autour d’espèces comme l’arbousier, le lentisque ou le chêne-liège, accom- pagnées de bruyères, de cistes, de génistées et de lavandes sauvages, est issu lui aussi de la dégradation des forêts. Les tomillares et matorrales espagnols, les phrygana grecs et les batha pales- tiniens sont des garrigues ou des maquis. Ces deux types de formations, qui résultent déjà d’une dégradation naturelle, sont très fragiles. Commencés depuis des millénaires sous l’action des économies agro-sylvo-pastorales, le défriche- ment par le feu pour conquérir de nouvelles terres agricoles, le surpâturage et le mitage urbain les ont beaucoup affectées : aujourd’hui, elles enregistrent partout un net recul, qui s’est considérablement accéléré depuis une cinquantaine d’an- nées, entraînant du même coup la raréfaction de certaines espèces endémiques. Cette dégradation s’est accompagnée aussi d’une recomposition du cortège floristique. Les caractéristiques du climat méditerranéen ont rendu possible, en effet, l’acclimatation réussie de nombreuses espèces venues de très loin, comme le figuier de Barbarie, les agaves, les eucalyptus, les mimosas ou le phytolaque, qui ont réussi à s’incruster dans le paysage grâce à leurs facultés adaptatives hors pair, certaines d’entre elles étant même devenues carrément invasives. D’autres végétaux, au contraire, ont été volontairement propagés par l’homme en raison du bénéfice qu’ils lui ont apporté : rosiers, jasmins, orangers et autres agrumes, arbres fruitiers exotiques, maïs, solanacées alimentaires, etc. La zone méditerranéenne est sans doute aujourd’hui la région du monde qui a le plus pro- fité de la circulation planétaire des germoplasmes, un phénomène de mondialisa- tion qui a commencé dès l’Antiquité, pour des végétaux venus d’Afrique et d’Asie comme, par exemple, le melon, la pastèque, la courge-calebasse, l’aubergine, le

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