Phare | Buti, Gilbert

Phare 1214 cependant faire oublier le « feu » du château d’If, allumé en 1863, ni celui de Sainte-Marie, élevé à l’extrémité de la grande jetée construite en 1840 à l’entrée du bassin de la Joliette ; associé au développement commercial de Marseille, ce phare devient un objectif de promenade prisé des Marseillais et un emblème du port que diffusent abondamment les cartes postales. Ces dispositifs descendraient tous de l’antique et emblématique phare d’Alexandrie, une des Sept Merveilles du monde, érigé par l’architecte Sostrate de Cnide au iii e siècle avant notre ère. « Pharos est une tour très élevée, d’une archi- tecture merveilleuse, bâtie sur une île dont elle porte le nom. Un môle de neuf cents pas de long […] unit par un chemin étroit et par un pont l’île de Pharos à la ville d’Alexandrie » (César, Commentaires de la guerre des Gaules ). Participant également à cette veille permanente, figure une autre des fameuses Sept Merveilles du monde, à savoir le colosse du port de Rhodes. À l’époque romaine furent bâties des tours à feu comme à Ostie, Carthage, Ravenne, Messine, Leptis Magna, Fréjus ou Cadix et sur d’autres points des lit- toraux du Ponant (La Corogne, Douvres, Boulogne). Suétone, au i er siècle de notre ère, rappelle que lors de la construction du port d’Ostie fut élevée, sur la digue à l’entrée du port, « une très haute tour, semblable au phare d’Alexandrie, pour éclairer les vaisseaux pendant la nuit » ( Vie des douze Césars , « Claude »), et Tacite de signaler peu après que non loin de Naples « les dernières lumières de Pouzzoles s’étaient éteintes, et seul le phare du cap de Misène flamboyait encore à l’extrémité de son promontoire, comme une torche à la main d’un géant » ( Annales , « Néron et Agrippine »). En large partie abandonnées, ces constructions ont laissé la place, au Moyen Âge, à de simples foyers entretenus, comme à l’entrée de Brest, à La Rochelle (la Lanterne), sur l’îlot de Cordouan à l’embouchure de la Gironde, ou à Aigues-­ Mortes (tour de Constance) et Marseille (tour de la Chaîne). Au vrai, jusqu’au xiv e siècle, il semble qu’il n’y ait eu, au large de Marseille, qu’une petite construc- tion de pierres, destinée aux marins en cas de besoin d’abri, une sorte de refuge dit aussi « balise ouverte ». En 1319, en réponse à la demande de plusieurs navigants, le comte de Provence ordonna à chaque patron de barque accostant à Planier d’y apporter cent pierres pour la construction d’une tour. Au sommet de celle-ci, haute de 12,50 m et dépourvue de garde permanent, étaient brû- lés des branches de pin et du charbon de terre. Signalée en ruines en 1548, elle fut restaurée en 1654, puis de nouveau en 1729. Dans la première moitié du xvi e siècle, sous Charles Quint, c’est le port de Gênes qui fut doté d’une tour à feu, ou Lanterne, tandis qu’en 1584 fut agrandie, sur les rives du Ponant, la tour à feu de Cordouan, construction qui constitue tout à la fois un défi tech- nique et la marque d’un intérêt renouvelé pour la sécurité maritime. À Sète, ville portuaire nouvelle construite en 1666, par volonté royale, comme Lorient et

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