Phare | Buti, Gilbert

Phare 1213 Phare « Qui peut dire combien d’hommes et de vaisseaux sauvent les phares ? La lumière, vue dans ces nuits horribles de confusion, où les plus vaillants se troublent, non seulement montre la route, mais elle soutient le courage, empêche l’esprit de s’égarer. C’est un grand appui moral de se dire dans le danger suprême : Persiste ! Encore un effort ! … Si le vent, la mer, sont contre, tu n’es pas seul ; l’Humanité est là qui veille pour toi ! » (Michelet, La Mer .) La volonté de sécurité, la recherche de protection et l’organisation du sauvetage ont conduit très tôt les gens de mer et les riverains à mettre au point des moyens pour faire face à la violence incontrôlable et imprévisible de la mer, domaine des risques par excellence. La sécurisation de la navigation et des rivages passe par la mobilisation de techniques pour consolider les espaces portuaires. C’est dans cette perspective que s’inscrivent les aménagements de quais, le nettoiement des bassins et la construction de digues. C’est également dans ce but qu’ont été construits des phares, ces amers artificiels qui portent un feu puissant, établis à proximité des rivages, là où se produisent majoritairement les avaries et les naufrages. Au vrai, le terme générique de phare recouvre plusieurs types d’infra­ structures : les phares de pleine mer ou phares d’atterrissage, souvent établis sur des écueils, loin en mer, pour signaler l’approche des rivages, les feux d’aligne- ment de portée et d’usage local dressés sur les côtes et les bateaux-feux mouillés au large près de bancs dangereux et de zones très fréquentées par la navigation. Ces installations ont retenu de tout temps la curiosité des voyageurs, les dotant souvent d’une charge symbolique et d’un puissant imaginaire. Quittant Marseille au début du xx e siècle, le journaliste Albert Londres ne peut s’empêcher de noter non sans lyrisme qu’« il est un phare à deux milles de la côte. Tous les soirs, on le voit qui balaye de sa lumière et le large et la rive. Ce phare est illustre dans le monde ; il s’appelle le Planier. Quelle que soit l’heure où vous le regardiez, dites-­ vous qu’à cet instant on parle de lui sur toutes les mers et sous toutes les constel- lations. Quand on n’en parle pas, on y pense. Mais si le Planier ramène au pays, il préside aussi au départ » ( Marseille, porte du Sud , 1927). Ce phare ne saurait

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