Phare | Buti, Gilbert

Phare 1215 Rochefort, le môle Saint-Louis a été équipé, dès 1684, d’un fanal pour assurer la sécurité de la circulation entre la mer et l’étang de Thau. Améliorant les feux de bois – bois vert le jour, bois sec la nuit – de charbon ou de goudron, des lampes à huile – huile d’olive ou de « blanc ou sperme de baleine » – et des brûleurs à incandescence restèrent longtemps utilisés en raison de leur fiabilité. Cependant, l’entretien étant coûteux et incommode, on utilisait jusqu’à 700 kg de bois par nuit, on ne l’allumait pas toutes les nuits et le plus souvent seulement à l’approche d’un navire. En 1770, la Compagnie Tourville-­ Sangrain, qui venait d’obtenir la concession des phares, installa la première lampe à huile munie d’un réflecteur sur le phare de Sète. Ce procédé, moins onéreux, se répandit rapidement. La portée des sources lumineuses fut amélio- rée une première fois à la fin du xviii e siècle à la suite des travaux d’Argand sur les lampes à mèche, de Teulère et de Borda sur les réflecteurs paraboliques, dont la rotation, grâce à des mécanismes d’horlogerie à poids, permettait d’identifier le phare par le rythme de ses éclats. Au début du xix e siècle, une innovation intervint avec la mise en service des optiques lenticulaires inventées par Augustin Fresnel en 1819. Ingénieur des Ponts et Chaussées, Fresnel, nommé au service des Phares et Balises, éta- blit un projet d’Éclairage des côtes de France avec équipement des phares de lentilles à échelon. Les besoins croissants de la navigation et le renouveau des activités maritimes en Méditerranée, après les guerres de la Révolution et de l’Em- pire, poussèrent, en 1823, les autorités portuaires marseillaises à doter Planier d’un phare pourvu d’un tel système. La vieille tour fut abandonnée, et un nou- veau phare construit à proximité en 1825‑1826. Fresnel veilla lui-même à sa construction, donna des conseils au fil des travaux – notamment à propos de l’in- clinaison des glaces extérieures de la lanterne –, mais dut renoncer pour des rai- sons de santé à sa dernière visite d’inspection ; il mourut en 1827, peu de temps avant la mise en service de ce premier grand feu à éclats de la Méditerranée. La tour du nouveau phare s’élevait à 36 m au-dessus du sol, et son foyer à 40 m au-dessus de la mer ; sa portée était d’environ 40 km. Ce phare constituait la pièce maîtresse d’un dispositif qui comprenait quatre éléments de premier ordre – longue portée 45 km et au large des côtes –, à savoir : le feu fixe du cap Sicié (Toulon), le feu à éclats de Planier (un éclat toutes les 30 secondes), le feu fixe de la tour Saint-Genest à Port-de-Bouc et le feu à éclats du fort Brescou à Agde (un éclat toutes les minutes). Afin d’indiquer l’entrée de Port-Vendres, un feu fixe est allumé en 1836 sur le cap Béar et, en 1838, plusieurs emplacements sont retenus pour assurer « l’éclairage de la Corse » : au cap Corse, la tour ronde Giraglia remplace une vieille tour génoise construite en 1584, près de Calvi, la Revellata, tour carrée, à Mezzu Mare, sur la plus grande des îles Sanguinaires, au nord du golfe d’Ajaccio et au cap Pertusato pour signaler le dangereux golfe

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