Peuplement | Degioanni, Anna; Goude, Gwenaëlle

Peuplement 1208 actuel, par exemple, un grand volume crânien ainsi que la pratique de l’inhu- mation des morts. À partir des années 1990, les analyses génétiques rouvrent la discussion sur la position des néandertaliens et de leurs relations avec l’homme anatomiquement moderne. Au cours de leur histoire, les néandertaliens ont migré vers le Proche-Orient où ils ont (probablement) rencontré les hommes anatomiquement modernes. Plusieurs sites du Paléolithique moyen témoignent de la présence des deux types d’hommes (Neandertal [hn] et Sapiens [hs]) qui se succèdent à Tabun (120 000 ans, hn), Qafzeh (100 000‑90 000 ans, hs), Skhul (120 000‑80 000 ans, hs) et Amud (60 000‑50 000 ans, hn). Les don- nées génétiques des néandertaliens permettent de dresser une image de la popu- lation (Degioanni et al ., 2011) : une taille réduite, répartie en trois sous-groupes – un sous-groupe en Occident, un autre en région méditerranéenne et un der- nier en Orient –, présentant des échanges migratoires entre sous-groupes limi- trophes. Leur nombre va croître jusqu’à environ 50 000 ans avant notre ère, puis décroître lentement jusqu’à leur extinction. Après avoir occupé l’Europe, une partie de l’Asie et du Proche-Orient, les néandertaliens semblent reculer dans des zones refuges : Espagne (Sidrón, 49 000 ans), Gibraltar (50 000‑30 000 ans), Italie (mont Circé, 1, 60 000‑40 000 ans) et également au Proche-Orient (Amud, 1, 41 000 ans) devant l’avancée de l’homme moderne venant de l’Est de l’Europe. Leur disparition serait attestée il y a 38 000 ans. Toutefois, on constate qu’au moins pendant 10 000 ans les néandertaliens et Homo sapiens sont voisins. En effet, des sites comportant une industrie lithique typique des hommes modernes sont contemporains d’autres sites présentant des pierres tail- lées dans le style néandertalien. Certains fossiles néandertaliens de cette époque sont graciles et associés à des industries lithiques comportant des éléments que l’on retrouve chez Homo sapiens . Ces découvertes plaident pour un métissage. Les données génétiques proposent différents scénarios : une extension de cette population ou bien un mélange (partiel) avec les hommes modernes. Si l’ana- lyse de l’ adn mitochondriale (transmise par voie maternelle) permet d’affirmer que Neandertal n’a pas contribué au pool génétique mitochondrial de l’homme actuel, les généticiens constatent toutefois que les néandertaliens partagent entre 1 et 4 % de leur adn nucléaire avec les Européens et les Asiatiques, mais rien avec les Africains. Les premiers hommes anatomiquement modernes se seraient donc mélangés avec les néandertaliens après avoir quitté l’Afrique pour le Proche-­ Orient, avant leur expansion en Asie et en Europe. À partir de la région sub- saharienne, Homo sapiens part à la conquête du reste du monde ; à la période holocène (il y a 12 000 ans), il est l’unique représentant du genre humain ayant colonisé jusqu’à nos jours l’ensemble des continents. Le peuplement du Nord de la Méditerranée est rapide, se faisant à partir du Proche-Orient par deux voies géographiques : l’une passe par l’Asie et l’autre,

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