Pèlerinage | Albera, Dionigi

Pèlerinage 1192 le nom était souvent incisé dans les contours du pied, chaque empreinte s’ef- forçait de perpétuer sa présence auprès de la divinité. Plusieurs types de déplacements pieux étaient également présents dans la Grèce antique. Les frontières entre ceux que l’on peut qualifier de « pèlerinages » et ceux qui entreraient plutôt dans la catégorie des « processions » sont parfois assez floues. C’est le cas des cortèges saisonniers qui, à partir des villages ou des villes, rejoignaient un sanctuaire situé en pleine campagne, au sommet d’un mont ou au bord de la mer. Si ces mouvements étaient pour la plupart limités à un concours local, certains sanctuaires se détachaient par leur capacité de cap- ter la fréquentation de foules venant de très loin. Citons celui de Delphes, où la prêtresse d’Apollon proférait son oracle renommé, ou celui de l’île de Délos, consacré au même dieu. La célébration des mystères était également à l’origine de déplacements qui avaient des similitudes avec les pèlerinages, comme le cor- tège imposant qui, à partir d’Athènes, rejoignait Éleusis. Les sources deviennent de plus en plus éloquentes à partir de l’époque hellé- nistique. Dans le monde gréco-romain, les pèlerinages apparaissent désormais comme des faits courants. Qu’il s’agisse de centres au rayonnement important ou de sanctuaires locaux, les fidèles s’y pressent pour prier, faire des sacrifices, présenter des offrandes. La fortune des sanctuaires se mesure au nombre des ex-­ voto qui s’y accumulent. Par un contact intime avec le divin, on cherche à avoir une prise sur l’avenir et à trouver une solution aux questions récurrentes de l’exis- tence : prospérité, fécondité, maladie, périls de différentes natures. Les sanctuaires médicaux, en particulier, attirent une multitude de pèlerins, tel celui d’Asclépios à Épidaure, réputé pour ses miracles, où les malades passent la nuit dans des dortoirs sacrés ; le dieu se manifeste au cours de leur sommeil, soit en les guéris- sant, soit en leur indiquant un traitement à suivre. Il existe plusieurs centres de ce culte, d’autant plus que le dieu est aussi vénéré sous le nom d’Esculape dans le monde latin (un temple célèbre lui est dédié sur l’île Tibérine à Rome). Par leur nombre, les pèlerins qui se rendent dans ces sanctuaires guérisseurs peuvent être comparés à un « essaim d’abeilles », comme l’affirme au ii e siècle de notre ère le rhéteur Aelius Aristide, lui-même fervent dévot d’Asclépios, dont il fréquente de manière assidue les sanctuaires, en respectant soigneusement les prescriptions thérapeutiques que le dieu lui communique à travers des rêves. Judaïsme Le paysage des pèlerinages en Méditerranée a été marqué par l’essor, puis par le triomphe des religions monothéistes. Cette aventure a commencé en Palestine, une région marginale par rapport aux grandes civilisations de l’Antiquité. Il

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