Pèlerinage | Albera, Dionigi

Pèlerinage 1191 pieux dans le monde a un ancrage méditerranéen, mais les pèlerinages catho- liques représentent le parangon, souvent implicite, qui permet d’organiser les connaissances concernant les déplacements à caractère religieux dans l’ensemble des religions de la planète. Antiquité Des pratiques consolidées que l’on peut qualifier de « pèlerinages » ont existé dans les différentes civilisations de l’espace méditerranéen depuis l’Antiquité. Naturellement, il s’agissait, pour ainsi dire, de pèlerinages avant la lettre, en l’absence de toute unification terminologique et conceptuelle. En relation avec l’Égypte ancienne, par exemple, une panoplie de voyages pieux est bien docu- mentée. Dans la vallée du Nil, les grandes fêtes annuelles des temples offraient aux fidèles l’occasion de contempler la statue de la divinité. D’ordinaire rigou- reusement occultée dans le saint des saints et préservée de tout contact avec le monde profane, à cette occasion la statue était portée en procession à l’exté- rieur. Les foules se pressaient pour assister à la « sortie » du dieu, entourée de chants, de sacrifices et de représentations de drames sacrés. L’une des fêtes les plus fréquentées était celle de la déesse-chatte Bastet à Boubastis, dans le Delta. Hérodote (II, 60) affirme qu’elle attirait chaque année environ 700 000 per- sonnes, qui s’y rendaient en bateau, hommes et femmes confondus, dans une atmosphère joyeuse, où résonnaient les musiques et les chants. Une fois arrivés au sanctuaire de cette déesse de l’amour et de l’ivresse, les fidèles effectuaient des sacrifices et consommaient une grande quantité de vin. La fête d’Isis que l’on célébrait dans la même région, à Busiris, attirait à son tour une multitude pro- digieuse de personnes, mais l’atmosphère était dans ce cas empreinte de tristesse et de deuil, incluant même des pratiques d’automutilation (Hérodote, II, 61). Les sanctuaires pouvaient également être fréquentés au-delà des fêtes annuelles, dans le cadre de visites individuelles. Seuls les officiants avaient le droit d’en- trer à l’intérieur de la demeure du dieu, les simples fidèles devant se contenter d’adresser leurs prières à la porte ou, dans le cas des temples plus grands, aux entrées secondaires. Au cours du Nouvel Empire (vers 1 500 à 1 000 av. J.‑C.), plusieurs portes de temples se transformèrent ainsi en oratoires pour le peuple. Des stèles offertes par les orants étaient installées dans la partie antérieure de l’édifice. Souvent, il s’agissait de stèles dites « à oreilles » : la figure du dieu y était accompagnée de plusieurs paires d’oreilles, représentant son écoute des prières. Autre symbole significatif : des empreintes de pieds étaient gravées sur les parois et sur les toits du temple. Métonymie du passage du croyant, dont

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