Pèlerinage | Albera, Dionigi

Pèlerinage 1190 Pèlerinage Quelle est la pertinence d’une échelle méditerranéenne lorsqu’il est question des pèlerinages, phénomènes énormément répandus, présents dans les princi- pales religions mondiales ? En l’absence de traits distinctifs permettant de tra- cer des frontières précises avec d’autres aires, il est cependant possible d’isoler au moins deux facteurs qui confèrent une certaine spécificité à la Méditerranée dans le paysage de la recherche sur le pèlerinage. En premier lieu, la notion même a une origine méditerranéenne. Les mots « pèlerin » et « pèlerinage » dérivent du latin où des termes comme peregri , pere- grinatio , peregrinitas , peregrinor , peregrinus désignaient la condition d’étranger ou le voyage à l’étranger. Sous l’Empire romain, le terme avait également un sens juridique précis, indiquant les sujets dépourvus de citoyenneté romaine. De fait, les peregrini correspondaient à plusieurs égards à une figure intermé- diaire entre les Romains et les Barbares. Au cours des premiers siècles de son his- toire, le christianisme reprit le terme à son compte, comme une métaphore de la condition humaine, conçue comme un exil sur terre, dans l’attente de l’avè- nement du Règne céleste. C’est dans ce sens que le terme est utilisé pour tra- duire un passage de Paul (II Cor, v, 6) : « Nous pérégrinons dans le Seigneur. » Par la suite, le mot en vint progressivement à désigner les déplacements vers des lieux saints dans le monde chrétien. Il est ainsi passé dans la plupart des langues européennes modernes en devenant le terme usuel dans les recherches sur les comportements religieux pour exprimer et « traduire » des formes disparates de mobilité pieuse dans les principales religions mondiales. En second lieu, dans les études comparatives sur les pèlerinages, l’expérience du catholicisme méditerranéen (et de ses extensions latino-américaines) appa- raît comme une sorte de prototype. Au demeurant, le succès de la Réforme protestante a déterminé un déclin du pèlerinage dans l’Europe du Nord, et le monde orthodoxe a été beaucoup moins étudié de ce point de vue. Il n’est donc pas exagéré de dire que non seulement la notion à travers laquelle la recherche a unifié d’un point de vue terminologique des formes très variées de voyages

RkJQdWJsaXNoZXIy NDM3MTc=