Paysage | Sintès, Pierre; Cattaruzza, Amaël

Paysage 1169 semble renvoyer dans les représentations collectives à des paysages communs, faits de végétaux, d’odeurs, de lumière et d’autres éléments reconnaissables… pour ceux qui les recherchent – et c’est d’ailleurs cette diversité paysagère qui en serait, selon Fernand Braudel (1977), le caractère particulier : « Dans son pay- sage physique comme dans son paysage humain, la Méditerranée carrefour, la Méditerranée hétéroclite se présente dans nos souvenirs comme un système où tout se mélange et se recompose en une unité originale. » Unité et diversité des paysages méditerranéens L’évocation du paysage méditerranéen renvoie dans un premier temps à la diversité extrême des faciès physiques, biologiques, culturels et sociaux de ces rives, mais elle se construit surtout à partir de ce qui y est commun et qui en fait un ensemble reconnaissable. La limite bioclimatique, que l’on a coutume de donner à son extension, affirme tout d’abord le caractère syncrétique du fac- teur paysager, qui s’inscrit toujours entre nature et culture. En effet, la limite de l’olivier, la plus couramment utilisée pour délimiter l’aire méditerranéenne (excluant ainsi les rivages de la mer Noire), s’appuie sur un arbre qui nécessite souvent une intervention humaine massive pour être exploité dans de bonnes conditions : greffe d’oléastres, mise en terrasse des versants, arrosage, voire drainage, etc. Cette essence est aussi l’une des mieux adaptées à un climat qui forme l’élément d’unité le plus convaincant, et elle est l’un des critères détermi- nants de ces paysages. Marqué par la sécheresse estivale, il conduit à une adapta- tion de la biosphère, par transformation ou par répartition, comme des sociétés humaines. Les températures de l’hiver permettent à la nature de ne pas dépé- rir, tout en demeurant plus rare et moins luxuriante que sous d’autres latitudes. Cette relative rareté du couvert végétal expose les sols à l’érosion ou à l’appau- vrissement, surtout en raison de précipitations violentes et rapides, qui rem- plissent de manière soudaine les lits de torrents capricieux. Le reste de l’année, les eaux de surface sont peu présentes à cause de la force de l’évaporation, et les cours d’eau puissants sont toujours des organismes exogènes (Pô, Èbre, Rhône, Nil, etc.). La mobilité de ces paysages est accentuée par des facteurs géologiques car la Méditerranée se trouve à un point de confrontation tectonique. L’activité sismique et volcanique y est importante, marquant de son empreinte le paysage : les montagnes et les collines représentent par exemple les trois quarts de la sur- face de l’Italie ou de la Grèce. La grande diversité des reliefs qui en découle est aussi un facteur caractéristique de l’espace méditerranéen puisqu’on trouve, sur de petites distances, des bassins et des chaînons montagneux, des volcans, des plateaux tombant abruptement dans la mer ou encore des détroits et des îles

RkJQdWJsaXNoZXIy NDM3MTc=