Paysage | Sintès, Pierre; Cattaruzza, Amaël

Paysage 1168 Paysage Le paysage est défini comme une « portion de territoire vue par un observa- teur, où s’inscrivent une combinaison de faits et des interactions dont on ne perçoit à un moment donné que le résultat global » (Deffontaine et Tricart cités par Pinchemel, 1992). L’un des premiers emplois du mot est attesté en italien (paesaggio) pour désigner, à l’époque de la Renaissance, la représentation sous forme de tableau d’un panorama. Cet emploi est ainsi révélateur de plu- sieurs caractères de cette notion. Tout d’abord, l’échelle que suggère le paysage est celle que peut embrasser le regard humain : « à travers lequel les hommes voient la réalité du monde qui les entoure, la perçoivent par tous les autres sens, se l’approprient » (Pinchemel, 1992). Dans les années 1970, le paysage a été convoqué par les géographes afin de dresser des typologies ou des classifications parmi lesquelles le paysage méditerranéen prenait immanquablement sa place (Lebeau, 1991). Pourtant, l’usage d’une présentation paysagère unique, pour signifier l’ensemble méditerranéen, semble être compliqué en raison des réali- tés si diverses de cette aire régionale. Roger Brunet, dans sa recherche modélisa- trice, utilise aussi cet instrument et dégage des « paysages types » : « C’est bien entendu une caricature au sens des dessinateurs. Mais que font les bons dessi- nateurs, si ce n’est de conserver et d’appuyer les traits fondamentaux, dont cer- tains sont intérieurs, voire cachés, qui permettent d’exprimer les personnalités ou les situations ? » (Brunet, 1997.) Mais le paysage peut aussi être vu comme une production sociale ou individuelle : ce que l’homme perçoit de la réalité qui l’entoure est une « création de l’œil et de l’esprit » (Brossard et Wieber, 2008). Il relèverait même, d’après Augustin Berque, d’une logique d’identification, d’un processus de « médiance » entre l’œil qui perçoit et les réalités du paysage qui sont perçues, entre ce que l’on pense voir et ce que voir nous suggère de penser (Berque, 1990). Roger Brunet résume cette dimension du paysage en indiquant qu’il est « perçu par un sujet à travers ses propres filtres, ses propres humeurs, ses propres fins » (Brunet, 2005). Dans cette perspective, il s’agirait cette fois-ci plutôt d’une certaine unité qui se dessinerait en Méditerranée, tant cette région

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