Pastoralisme | Bourbouze, Alain

Pastoralisme 1156 en Méditerranée. Ce dernier s’inscrit dans des systèmes agraires issus d’une his- toire plurimillénaire et revêt des formes variées : pastoralisme stricto sensu de plus en plus rare, agropastoralisme qui se généralise partout où les labours sont pos- sibles et sylvo-pastoralisme propre aux régions de montagne couvertes de forêt. Les activités pastorales présentent cependant deux images très contrastées au nord et au sud de la Méditerranée, car sur deux points majeurs, la pression démographique et l’impact des aides de l’État aux régions difficiles, les opposi- tions sont telles que les problèmes se posent différemment. Dans les pays de la rive nord, la sous-exploitation des ressources, la déprise agricole et l’enfriche- ment ont provoqué une forte régression du pastoralisme, mais aussi, depuis une trentaine d’années, une prise de conscience tardive des fonctions qu’il assume : fonction économique (mettant sur le marché viande et produits laitiers en cherchant à développer des signes officiels de qualité, comme l’ AOC ), fonction environnementale (prévention des risques et des incendies, biodiversité), fonc- tion paysagère, culturelle et touristique (qui souligne le poids du patrimoine culturel lié aux activités pastorales). Dans les pays méditerranéens de l’Union européenne, c’est la reconnaissance des « externalités positives » de cet élevage pastoral qui justifie à présent l’importance des aides, qui peuvent atteindre 80 % du revenu agricole sur parcours méditerranéen ! C’est à ce prix que la Politique agricole commune ( pac ) a conforté le pastoralisme qui était menacé de dispa- rition : amélioration des parcours (débroussaillements), équipements (clôtures, cabanes de berger, points d’eau, accès, parcs de tri), introduction de chiens de défense pour lutter contre les prédateurs, le loup notamment. Les innovations ont porté aussi sur la mise en place d’outils juridiques novateurs (Associations foncières pastorales, Groupements pastoraux), de gîtes, la gestion multi-usage des espaces naturels intégrant éleveurs, forestiers, chasseurs, promeneurs, défenseurs du patrimoine. Le rôle des politiques publiques et des aides qu’elles ont appor- tées, ainsi que leur cohérence dans la coordination (État, Union européenne, collectivités territoriales, parcs), ont été déterminants, avec un taux de réussite variable d’un pays à l’autre. Dans les pays du Maghreb et du Machrek qui sont confrontés à des popula- tions en croissance jusque dans les régions les plus reculées et qui doivent faire face à la surexploitation des ressources et aux risques de désertification, les sys- tèmes pastoraux et agropastoraux connaissent de profondes transformations. Si, comparé à la rive nord, le pastoralisme de ces régions reste marqué par la mobi- lité des troupeaux et des hommes, et la persistance de la vie sous la tente (la khaïma ), le changement porte sur la montée en puissance des transports mécani- sés (camion) qui facilitent les déplacements et assurent l’abreuvement estival des animaux, de la steppe de l’Oriental marocain à la Badia syrienne. Le mode de vie familial et la conduite des troupeaux se déconnectent et s’organisent autrement

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