Musique arabo-andalouse | Saidani, Maya

Musique arabo-andalouse 1049 l’instrument dans sa forme la plus recherchée, çan‘a signifie « œuvre élaborée », malûf jouit de deux versions extraites de deux concepts : ta’lîf (« composition ») et mâ ‘ulifâ samâ‘uhu’ (« ce que l’on s’est habitué à écouter »). Après la conquête de l’Espagne en 711, ‘Abd al-Rahmân I er (756‑788) se pro- clame émir indépendant et prend Cordoue pour capitale. ‘Abd al-Rahmân II (822‑853) accueille le mythique musicien Ziryâb. Après le décès du monarque, des noyaux rebelles d’origine omeyyade surgissent pour créer de petits États semi-indépendants. En 929, l’émir ‘Abd al-Rahmân III (912‑961) s’autopro- clame calife, coupant toute dépendance formelle avec Bagdad alors abbasside. Mais en 1031, le califat est aboli, et al-Andalus fractionnée en royaumes de taï- fas. Leur faiblesse favorise les reconquêtes par les Rois Catholiques (1009‑1090). Pendant cette époque de déliquescence du pouvoir central, al-Andalus connaîtra un épanouissement des genres spécifiquement andalous et la création notamment de la poésie muwashshah et zadjal , poésie postclassique où la rythmique musi- cale prend le pas sur la rythmique poétique. Ainsi, à travers l’intégration de ces deux genres poétiques, textes de base de toute nûbâ chantée dans le Maghreb, est né le chant selon la nûbâ de l’Occident musulman initié par Ziryâb, puis perfectionné par Ibn Bâjja, base de toute nûbâ du Maghreb. Vers 1231, Muhammad ben Yûsuf ben Nazar (surnommé al-Ahmar), d’ori- gine arabe, fonde un petit État autour de Jaén qu’il agrandira en s’appropriant Grenade. Cet État restera musulman et n’utilisera comme langue que l’arabe. Ce n’est que vers 1492 que Grenade tombera aux mains des catholiques. La fin de la domination musulmane en Espagne a été commentée discrète- ment par les contemporains et les chroniqueurs maghrébins. Al-Maqqarî, auteur de la volumineuse Histoire d’Espagne (Nafkh al-tîb fî ghuçn al-Andalus al-ratîb) , rédigée au début du xvii e siècle, n’y consacre qu’une vingtaine de pages sur les milliers que compte sa chronique ; les historiographes tunisois des xvii e et xviii e siècles font à peine allusion à cet événement, tandis que les chroniqueurs marocains, plus proches, lui prêtent un peu plus d’attention. Le grand al-Nâsirî, dans son Histoire du Maroc (al-Istiqsa ou Kitâb al-Istiqsa li-akhbar al-Maghrib duwwal al-Aqsa) , consacre cinq pages à la fin du royaume nasride, et une dizaine à l’arrivée du dernier maître de Grenade au Maroc. L’expulsion massive des musulmans d’Espagne commence au début du xiii e siècle. L’exode s’est effectué vers d’autres contrées voisines ainsi qu’en dehors du pays, en particulier vers l’Afrique du Nord. La reconquête par les Espagnols du territoire occupé par les musulmans durera près de trois siècles. Les populations musulmanes déchues fuirent pour s’installer en grande partie au Maghreb où chaque ville andalouse était homologuée de manière assez simpliste à une ville du Maghreb. Ainsi, la ville de Tlemcen aurait accueilli les réfugiés de la ville de Grenade, Alger ceux de Séville, etc. Cependant, de nombreux écrits

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