Musique arabo-andalouse | Saidani, Maya

Musique arabo-andalouse 1050 attestent que l’installation massive des populations musulmanes et juives, chas- sées d’al-Andalus à travers les pays du Maghreb, ne fut pas chose aisée. Ils ont été nombreux à s’installer en Tunisie où le dey ‘Uthmân Bilghîth al-Qashshâsh facilita leur accueil. Jelloul Azzouna (1994, p. 387) affirme que le malûf était très prisé en Tunisie, et à Tunis en particulier aux xvi e et xvii e siècles. Le manuscrit de la Bibliothèque nationale de Tunis, écrit par cheikh Qashshâsh, grand protecteur des réfugiés andalous, mentionne que la zawiya (« confrérie ») du cheikh organisait tous les jours, dans l’après-midi, des séances de Shushtarî (poète soufi andalou, vers 1212‑1269) accompagnées d’instruments de musique tels que le târ (« tambourin »), le rabâb (« rebec ») et la flûte. Il ajoute que pour la première fois une zawiya s’est spécialisée dans le genre musical arabo-andalou ; cette pratique s’étendra plus tard à d’autres zawiyas , entre autres celles de Sidi ‘Ali ‘Azouz et ‘Isâwâ. Ainsi, les morisques analphabètes, pauvres et démunis, chris- tianisés de force et parlant le castillan durant plus d’un siècle, vont réapprendre l’art de leurs ancêtres à travers ces séances quotidiennes de chant et de musique. Les Constantinois dans le Nord-Est algérien soutiennent que les pre- miers interprètes du genre musical zdjal , de zadjal , nommés zadjâlâ et aussi hshayshiya étaient à l’origine des Andalous qui ne se sont mélangés à la popula- tion locale que progressivement ; ces hommes logeaient dans des grottes avant d’habiter dans les fondouks : « Ghâr al-zdjûl , la grotte aux chansons, est certes une désignation bien gaie. Les voûtes du souterrain ont retenti sans doute jadis des échos des mélopées de nos bardes indigènes, en l’espèce de joyeux hshayshiya , ou fumeurs de kif, pour qui les rochers de Constantine n’ont pas de secret et qui aiment à s’isoler du vulgaire, se réunir en compagnie dans des coins ombrageux, autour de bocaux de poissons ou de cages de rossignol, de pots de basilic ou d’œillets, chanter des chansons guerrières ou amoureuses, s’accompagnant d’instruments primitifs. » (Bosco, 1909) Les Constantinois n’ont, quant à eux, aucun doute sur les origines de ces interprètes. Les textes faisaient souvent appel à une somme intéressante de termes liés à la naviga- tion (Saidani, 2002, p. 43), fait remarquable pour une ville de l’intérieur du pays telle que Constantine. D’autres poèmes écrits par des poètes andalous comme Ibn Quzmân, ‘Abd al-Mawlâ racontent des récits de voyage de marins en perdition ou l’émerveil- lement de ceux à la découverte de divers sites du Maghreb. Les textes chantés dans les nûbâ décrivent une vie de loisir de notables cita- dins. Ils portent la signature de poètes, le plus souvent andalous, nés vers le xi e ou le xii e siècle et parfois antérieurement à cette date. Les scènes peintes par les muwashshah et les zadjal se déroulent le plus souvent dans des jardins ornés de fleurs luxuriantes, de fruits savoureux… Selon les phases de la journée, la bien-­ aimée, toujours au centre des préoccupations des poètes, est comparée au plus

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