Monothéisme | Boudignon, Christian

Monothéisme 968 – et troisièmement, son triomphe politique grâce au christianisme dans l’Empire romain à partir de 314 apr. J.‑C., et surtout de 392, lorsque Théodose I er fait du christianisme la religion de l’empire, car il aura fallu presque un siècle pour qu’il passe du statut de religion tolérée à celui de religion d’État. Trois événements méditerranéens qui feront triompher définitivement l’idée monothéiste. La naissance du monothéisme : vi e siècle av. J.‑C. On peut dater la naissance du monothéisme juif de l’exil en Babylonie de Judéens au vi e siècle av. J.‑C. Ils vont transformer leur religion inclusive (qui jusque-là reconnaissait un dieu principal, Yahweh, parmi d’autres) en une religion exclusive qui reconnaît son Dieu et nie l’existence des autres dieux. On appelle « mono- théisme » la religion qui considère qu’il n’y a qu’un seul Dieu et aucun autre, tandis que l’on appelle « hénothéisme » la religion qui considère que son dieu est le plus grand et néglige les autres dieux sans nier leur existence. La première attestation de l’avènement du monothéisme se trouve dans la seconde partie du livre d’Isaïe, rédigée sans doute au milieu du vi e siècle av. J.‑C. : « Oui, c’est moi qui suis Dieu, et nul à ma suite… Dieu, et il n’est que du zéro en comparaison de moi » (Isaïe, xlv, 21, selon la traduction de Pierre-Émile Bonnard). On doit souligner la révolution cultuelle que fut ce changement. Auparavant, avant cet exil à Babylone, le dieu d’Israël est un dieu parmi les autres, même s’il est le plus grand. Ainsi dans le Psaume lxxxviii, 7 : « Qui ressemble à Yahweh parmi les dieux ? » D’ailleurs, même pour parler du dieu principal d’Israël, on emploie souvent un pluriel : elohim , littéralement : « les dieux ». C’est peut-être un terme archaïque, mais cela en dit long sur la concep- tion courante de la divinité… Dieu parle au pluriel dans la Genèse : « Faisons l’homme à notre image et ressemblance » (Genèse, i, 26) ou « Voici, Adam est devenu comme l’un de nous… » (Genèse, iii, 22) ou encore « Allons, descendons et confondons, là même, leur langue » (Genèse, xi, 7). En soi, la divinité est sentie comme plurielle ou comme un collectif. Ainsi, au début du Psaume lxxxi, on a un magnifique emploi du pluriel elohim qui désigne tantôt un seul être divin (le dieu d’Israël), tantôt plusieurs êtres divins. On a traduit autrefois en grec : « Dans l’assemblée des dieux, le dieu se dresse, il juge des dieux. » (Psaume lxxxi, 1, traduction des Septante.) Mais littéralement on a : « Dans la réunion d’ El , élohim se dresse, il préside l’assemblée des élohim.  » Le dieu appelé elohim , le dieu d’Israël, se trouve clairement au milieu d’autres dieux appelés elohim , eux aussi. Dans ce cas-là encore, on comprend que le dieu d’Israël est supérieur aux autres

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