Monothéisme | Boudignon, Christian

Monothéisme 967 Monothéisme Le terme « monothéisme » est inventé en Angleterre en 1660. Le mot « mono- théiste », ou plutôt « monothéïte », apparaît pour la première fois, en français, sous la plume de l’écrivain aixois Jean-Baptiste de Boyer d’Argens ( Lettres juives , t. IV, lettre cxii, p. 276) qui résume ainsi la religion naturelle des Lumières : « Plus je considère ma religion, mon cher Isaac, plus je la trouve admirable et magnifique : un seul Dieu, créateur du ciel et de la terre, être intelligent et puissant, qui gouverne et meut tout l’univers par son pouvoir et qui punira les méchants et récompensera les bons. Ces méchants qui sont-ils ? Ceux qui font à autrui ce qu’ils ne voudroient pas qu’on leur fît à eux-mêmes. Et ces bons, quels ? Ceux qui, non contens de ne faire nul mal à personne, pratiquent encore envers leur prochain ce qu’ils voudroient que leur prochain pratiquât envers eux-mêmes, comme mon ami le monothéïte l’a très bien exprimé dans ce seul vers, Quae tibi vis fieri, facias. Haec summula legis.  1 Voilà toute notre religion, mon cher Isaac. » Dans cette lettre fictive entre deux juifs, un « ami monothéïte » à l’identité énigmatique confirme que le vrai monothéisme consisterait donc à croire en un seul Dieu créateur et providentiel, qui juge les hommes sur la règle d’or. C’est la première attestation en français du mot « mono-théïte », qui deviendra bientôt mono-théiste (« croyant en un seul Dieu »). Mais comment en est-on arrivé à ce monothéisme ? Pour retracer le parcours historique de cette idée monothéiste, il faut étudier : – premièrement, la naissance du monothéisme chez les exilés judéens de Babylone au vi e siècle av. J.‑C. ; – deuxièmement, la « cristallisation » du monothéisme dans le judaïsme hel- lénistique palestinien au ii e siècle av. J.‑C. ; 1. « Ce que tu veux qu’il te soit fait, fais-le ; tel est le résumé de la loi. » Il s’agit en fait d’une reprise de la règle d’or de l’Évangile selon Matthieu, VII, 12.

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