Messinien | Suc, Jean-Pierre; Popescu, Speranta-Maria

Messinien 918 basses latitudes) avant la crise (Clauzon et al ., 1996 ; Fauquette et al ., 2006). La Méditerranée était prédestinée à s’assécher, comme aujourd’hui d’ailleurs, si la connexion avec l’océan Atlantique venait à s’interrompre. La cause de sa dessiccation est d’ordre tectonique avec l’avancée de la plaque africaine sous la plaque européenne. Le déroulement en deux temps de la crise de salinité messinienne a été éta- bli par Clauzon et al . (1996). Premier temps : les prémices de la crise (5,96-5,60 Ma) Alors que la Méditerranée communiquait avec l’océan Atlantique par un cor- ridor et un seuil peu profond situés au sud du Rif (planche IIa – le détroit de Gibraltar n’existait pas), une baisse d’environ 50 m du niveau océanique inter- vint à 5,96 Ma dans un contexte de refroidissement global et, par effet de seuils, induisit des chutes du niveau marin de l’ordre de 150 m dans les bassins à la périphérie de la Méditerranée où des évaporites se déposèrent en milieu isolé (planche IIb). Ces couches évaporitiques marginales sont bien connues à l’af- fleurement, notamment au Levant espagnol, en Algérie, dans la plaine du Pô, au nord de la mer Égée, en Crète, à Chypre, où elles alternent avec des couches argileuses franchement marines. Précédemment, la Méditerranée était connec- tée par un corridor intrabalkanique avec des bassins saumâtres résiduels (pan- nonique, dacique, euxinique) d’une ancienne mer adjacente appelée Paratéthys (planche IIa). La connexion avec la Paratéthys s’est interrompue lors de cette phase d’assèchement marginal durant laquelle le bassin méditerranéen est tou- tefois demeuré relié à l’océan Atlantique (planche IIb). Un haut niveau océa- nique concrétisant la fin du refroidissement global permit la remise en eau des bassins périphériques et la reconnexion avec la Paratéthys (planche IIIc). Deuxième temps : le paroxysme de la crise (5,60-5,46 Ma ; planche IIId) La fermeture tectonique du corridor rifain interrompit subitement l’alimentation en eau océanique de la Méditerranée qui, isolée de l’Océan, s’assécha presque complètement de façon quasiment instantanée. Les fleuves méditerranéens entamèrent aussitôt une intense érosion à la recherche du niveau de base par le biais de leur vallée ou de systèmes karstiques en milieu carbonaté. Les fleuves déposèrent leurs sédiments fins et grossiers en bordure des plaines abyssales asséchées. Simultanément, l’érosion subaérienne entamait le seuil émergé de Gibraltar. Après la chute du niveau marin, certains bassins méditerranéens se retrouvèrent immergés grâce à un bilan hydrologique régional positif et à la pré- sence de seuils en surrection qui les isolaient : par exemple, l’avant-fosse apen- ninique et le bassin dacique, alimentés respectivement par les rivières des Alpes

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