Mer | Driessen, Henk

Mer 913 faibles. Des cônes alluviaux longent les zones côtières à travers la Méditerranée, et leur faible relief facilite l’agriculture intensive, à l’exemple de la région d’Almer ί a, en Espagne. Les plus importants deltas, ceux de l’Èbre, du Rhône, du Pô, du Tibre et du Nil, fournissent les meilleures terres agricoles et accueillent une grande concentration d’hommes et de biodiversité. L’évolution constante des côtes sableuses et l’augmentation du niveau de la mer, estimée entre 10 et 20 cm lors du siècle précédent, fragilisent extrêmement les plages. La pollution de la mer et des côtes est devenue un problème majeur en Méditerranée. Les invasions de méduses et d’algues rouges sont notoires et aggravées par l’évacuation des eaux usées et des déchets rejetés dans toute la Méditerranée, mais plus sérieusement dans la lagune de Venise et dans les golfes de Trieste et de Piran. Depuis le début des années 1970, les politiques n’ont cessé de prendre conscience de la gravité de la pollution maritime et côtière, jusqu’à l’installation, en 1979, du Plan Bleu. La Méditerranée est une voie de communication par excellence qui facilite les mouvements et les échanges des peuples, des marchandises, des concepts et des idées. Elle a éga- lement été un lieu de contacts belliqueux, par exemple lors des guerres ou de la piraterie. La mer relie ce que l’on pourrait appeler des villes amphibiennes. Ces ports sont des centres névralgiques pour les échanges ; ils sont marqués par une symbiose entre la mer et l’espace urbain. Venise et Istanbul sont des exemples prototypiques de ce type de villes, qui ont été des berceaux de l’in- ternationalisation. Mais il y a aussi une Méditerranée dangereuse, celle des migrants, qui perdent la vie en tentant de la traverser sur des barques de fortune, à la recherche d’une vie meilleure. Ils rejoignent les nombreux marins, pêcheurs et voyageurs que la mer a engloutis depuis des siècles. La même Méditerranée offre un visage bienveillant aux touristes, qui fréquentent assidûment ses côtes et ses eaux. Ces derniers croient parfois y reconnaître, de manière erronée, l’image homérique d’une mer nourricière prodigue de ses poissons et de ses fruits. Dans les faits, c’est à des moyens de subsistance complémentaires que la plupart des pêcheurs de la Méditerranée ont dû leur existence. Cette mer est enfin une toile toujours renouvelée, source éternelle d’inspiration pour les poètes, les peintres, les réali- sateurs et les photographes. Jusqu’à l’invention récente et la diffusion des images satellites, peu de gens étaient capables de visualiser la mer Méditerranée comme une unité. En réa- lité, elle est une succession de mers plus petites (l’Adriatique, la mer Égée, la mer d’Alboran, la mer Ionienne, le bassin Levantin, la mer Ligure, la mer Tyrrhénienne) reliées entre elles par des détroits plus ou moins larges. Du point de vue des habitants du littoral, des marins et des pêcheurs, il existe de nombreuses mers locales et chaque golfe constitue un microcosme relié de différentes façons

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