Mauvais œil | Zirari, Hayat

Mauvais œil 879 verbal commun et favorise leur accessibilité, leur lisibilité et leur compréhension. L’œil est considéré, à juste titre, comme la « porte » ou le « miroir » de l’âme qui laisse entrevoir les profondeurs et la vraie nature du regardant (Castaneda, 1999). L’œil revêt également une importance fondamentale dans l’expérience mys- tique et spirituelle. Il s’agit ici d’un tout autre type de regard sur soi et sur le monde : un regard immatériel, celui de la mystique et de l’intériorité. Il est propre à ceux et celles qui sont en quête de visibilité divine au-delà du monde physique. Il serait un regard intérieur, témoin de la transcendance et de la révé- lation de la connaissance, et qui rend possible l’expérience du dévoilement allant vers une autre forme de perception. Le mythe de Méduse : regard pétrifiant La symbolique de l’œil et du regard est présente dans nombre de mythologies – dont la mythologie grecque –, dans l’iconographie religieuse ainsi que dans la littérature. Aussi plusieurs récits illustrent-ils les représentations relatives à l’œil dans différentes cultures. Le thème de l’œil et du regard a inspiré les mythes les plus marquants. De tous, celui de l’œil de Méduse qui pétrifie par son regard incarne le plus cette force chargée symboliquement. L’imaginaire culturel l’associe au regard pétrifiant dont le pouvoir redoutable demeure éternel. Même la tête tranchée, l’impact mortifère de son regard n’a pu être domestiqué, anéanti ou neutralisé. Incarnant la surpuissance féminine, elle fascine autant qu’elle révulse. Parmi les figures mythiques les plus connues, la méduse est célébrée depuis des siècles en art comme en littérature. Invincible même après sa mort, elle reste vivante par le regard, incarnant une féminité capable de survivre à sa décapitation et à sa mise à mort, indomp- table car elle est immortelle par son regard. Elle « porte la mort dans les yeux » (Vernant, 1998). Freud y trouva la figure mythologique de la castration qui réfère à l’angoisse profonde suscitée par la peur du regard de Méduse lors de sa déca- pitation. Ainsi, voir et regarder ne se confondent pas. Ils se distinguent tels que le réel et l’imaginaire. Ce qui est capté par l´œil physique est interprété menta- lement à travers une représentation du monde et la perception qui en découle. D’autres mythes recèlent une symbolique aussi signifiante, qui se prête à plu- sieurs interprétations et analyses. On peut citer le cas du mythe de Narcisse qui cessa de vivre le jour où il découvrit sa propre image. Il s’éprit de lui-même en voyant son propre reflet dans l’eau de la source, et en s’apercevant qu’il n’avait aucun accès à lui-même et donc à son amour. On peut citer également Œdipe qui se creva les yeux après avoir découvert qu’il était l’amant de sa mère et l’assassin

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