Léon l’Africain | Zhiri, Oumelbanine

Léon l’Africain 776 nom de Giovanni Leone, Jean Léon. Désormais libre, il exerce en Italie les métiers de copiste et de professeur. En particulier, il enseigne l’arabe au cardi- nal Egidio da Viterbo (1469‑1532), figure importante du courant intellectuel de la Kabbale chrétienne. Léon l’aide à étudier le Coran, contribuant ainsi à l’essor des études orientales en Europe. C’est peut-être à la requête de ce puissant pro- tecteur qu’il écrit de nombreux ouvrages sur l’histoire, la religion, les langues et la culture en Afrique du Nord, dont seule une partie nous est parvenue. On pré- sume, sans certitude, qu’il est retourné au Maghreb vers 1529, et qu’il y est peut-­ être mort en 1554. Les travaux de Léon l’Africain ont permis à l’Europe de la Renaissance de mieux connaître l’Afrique et l’islam. Son dictionnaire biographique latin, Libellus de Viris quibusdam illustribus apud Arabes , achevé en 1527, a beaucoup circulé. Sa grammaire arabe, dont a survécu le Traité de métrique , a peut-être influencé l’érudit Guillaume Postel (1510‑1581), auteur du premier ouvrage de grammaire arabe publié en France. Cependant, sans nul doute, son œuvre la plus impor- tante et la plus influente est sa description géographique de l’Afrique du Nord et de l’Ouest et de l’Égypte, rédigée en italien et achevée à Rome le 10 mars 1526. Elle est publiée pour la première fois en 1550 sous le titre Della descrit- tione dell’Africa , en tête du premier volume du recueil de Gian Battista Ramusio, Navigationi e Viaggi , une des plus populaires collections de textes géographiques de la Renaissance, maintes fois rééditée. On parle souvent de la Descrittione comme d’un récit de voyage. Pourtant, le cadre général de cet ouvrage est celui d’une géographie descriptive, suivant une tradition établie depuis des siècles dans la culture arabe. Neuf parties composent la Descrittione . La première, générale, évoque les peuples de l’Afrique, leurs sub­ divisions, leurs langues, leurs religions, ainsi que les territoires qu’ils occupent, leurs paysages et leur climat. Les sept parties suivantes se consacrent respecti- vement aux royaumes de Marrakech, de Fès, de Tlemcen, de Bougie et Tunis, au Sahara, à l’Afrique subsaharienne, enfin à l’Égypte. L’ouvrage se termine sur une dernière section générale qui décrit la flore, la faune, les fleuves et les pro- ductions minières de l’Afrique. Le Maroc actuel est la région à laquelle la Descrittione se consacre le plus longuement. Une bonne moitié du texte lui est réservée, culminant dans une longue évocation vivante et minutieuse de Fès, une ville où l’auteur a passé de longues années. Les descriptions des autres contrées de l’Afrique du Nord et de l’Ouest n’offrent pas une telle précision, mais l’information apportée par Léon reste importante. Pour chaque royaume ou territoire, il dépeint les régions, puis les villes. Il s’intéresse aux productions agricoles et artisanales, le commerce l’occupe autant que la justice et le gouvernement. De précieux renseignements abondent sur la manière de vivre des habitants de chaque région, leur culture,

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