Îles | Bernardie-Tahir, Nathalie

Îles 687 Ce renouveau démographique, qui tient surtout à la vitalité de la dynamique migratoire, est principalement lié à l’essor de nouvelles activités économiques qui ont progressivement supplanté les agricultures extensives traditionnelles. Dans les îles les plus grandes, mieux dotées que les autres en ressources et réserves en eau, une agriculture intensive irriguée a pu voir le jour dans le secteur du maraî- chage notamment, comme on peut l’observer dans le Sud de la Crète, dans la par- tie grecque de Chypre ou encore en Sicile sur les piémonts de l’Etna. Certaines îles se sont également engagées sur la voie d’un développement fondé en partie sur des activités de niche, à l’instar de Malte qui est probablement l’île ayant le plus décliné cette stratégie, en mettant en place tout un tissu de sous-traitance industrielle dans les secteurs du textile puis de l’électronique, en promouvant l’immatriculation maritime (de complaisance) sur son registre et en instaurant un régime fiscal avantageux pour les sociétés offshore. Toutefois, c’est moins dans ces secteurs-là que dans celui du tourisme que la plupart des îles médi­ terranéennes s’illustrent aujourd’hui. Celles-ci bénéficient d’un double attrait, lié à leur « méditerranéité », d’une part, qui s’exprime à travers des conditions climatiques particulièrement favorables aux pratiques balnéaires estivales, mais aussi à travers une histoire, une culture et des aménités paysagères originales, et à l’insularité, d’autre part, qui surimpose à ces éléments une forte charge symbolique et onirique. Les deux dimensions méditerranéenne et insulaire se combinent dès lors pour former, à proximité des principaux foyers émetteurs européens, un « produit » particulièrement attractif, comme en témoigne la forte croissance des effectifs touristiques dans les îles qui accueillent aujourd’hui près de 25 millions de visiteurs (chiffre auquel il convient par ailleurs d’ajou- ter quelque 2 millions de croisiéristes), contre à peine 2 millions en 1965. Un grand nombre de territoires insulaires jouent ainsi la carte du tourisme, comme les Baléares (12 millions de touristes annuels), les îles grecques (plus de 7 mil- lions), Chypre (2,4 millions), Malte (1,1 million) dont une part importante de la population active dépend de ce secteur d’activité. Car le tourisme constitue pour la majorité d’entre elles un axe fort de leur développement, surtout après une longue période de déclin économique et social. En stimulant le secteur du bâtiment, de l’artisanat, du commerce et des transports notamment, cette nou- velle activité a incontestablement permis aux économies insulaires de retrouver un second souffle et d’afficher pour certaines d’entre elles des niveaux de crois- sance bien supérieurs aux régions méditerranéennes de type continental. Le revenu par habitant des îles Éoliennes ou de Lampedusa, par exemple, est trois à quatre fois supérieur à celui de la région sicilienne à laquelle ces dernières sont administrativement rattachées. De même, à l’heure où la crise lamine les niveaux de vie des populations grecque et espagnole, l’archipel des Baléares et certaines îles égéennes, par exemple, restent relativement épargnés grâce au dynamisme

RkJQdWJsaXNoZXIy NDM3MTc=