Îles | Bernardie-Tahir, Nathalie

Îles 685 ou dans les îles de Palmaria, Tino et Tinetto (appartenant aux Cinque Terre en Italie), des centaines de kilomètres de murs de pierres sèches retiennent des terres où sont cultivés des vignes, des oliviers ou des agrumes, formant des pay- sages hautement emblématiques, d’ailleurs reconnus comme tels par l’Unesco qui a classé au patrimoine mondial le paysage culturel des îles des Cinque Terre. Dans cette Méditerranée en partage, à la charnière entre Europe et Afrique, entre Orient et Occident, les trajectoires historiques insulaires ont par ailleurs été marquées par de nombreuses vicissitudes, liées pour partie à des situations géo­ stratégiques différenciées. Si certaines îles, notamment les îles précontinentales, sont longtemps restées en marge des principales routes ou centralités maritimes, d’autres au contraire ont joué un rôle stratégique de premier plan. C’est par exemple le cas de Malte qui, aux temps des chevaliers de l’ordre de Saint-Jean, constituait déjà une escale portuaire privilégiée au centre de la Méditerranée, tant pour le ravitaillement que pour la réparation des galères à une époque où elle se présentait comme le principal centre du « corso chrétien ». À partir du xix e siècle, elle forma même l’une des principales escales charbonnières de la région, constituant dès lors un verrou déterminant dans le dispositif colonial britannique déployé en Méditerranée. À la croisée des routes maritimes de l’Est du bassin méditerranéen, Chypre a également longtemps été l’objet de convoi- tises multiples, la « place à prendre » successivement dominée par les Grecs, Phéniciens, Byzantins, Romains, Lusignan, Génois, Vénitiens, Ottomans, Britanniques qui contribuèrent à faire de cette île un lieu d’intenses brassages culturels et d’interactions religieuses. Aujourd’hui, la plupart des îles restent géopolitiquement rattachées au conti- nent européen, quelques-unes sont africaines (îles tunisiennes ou algériennes), d’autres turques (Gökçeada, Bozcaada, Cunda), tandis que Malte et Chypre forment deux exceptions notables en constituant les deux seuls États insulaires indépendants. La situation chypriote est plus spécifique encore depuis la partition de l’île en 1974, instituant la République de Chypre au sud (intégrée à l’Union européenne) et la République turque de Chypre du Nord (reconnue seulement par la Turquie). Le degré d’autonomie des îles dépendantes varie également sensiblement, plus fort dans le cas des grandes îles (Sicile, Sardaigne, Corse, Crète) ou de certains archipels intégrés dans des États à structure fédéraliste (Baléares) qui sont dotés de statuts spéciaux, relativement limité en revanche pour la plupart des petites îles (Dalmatie, îles Éoliennes, Lampedusa, etc.) qui relèvent directement de l’autorité des collectivités régionales auxquelles elles sont rattachées. Enfin, les territoires insulaires de la Méditerranée se distinguent fortement sur le plan démographique. Si en 2010 leur population dépasse les 12 millions d’in- dividus, elle apparaît très inégalement répartie. Les trois quarts de la population

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