Icône | Piazza, Simone

Icône 660 et de Sainte-Marie-la-Neuve, toutes d’origine occidentale, celle du monasterium Tempuli possède des caractéristiques clairement byzantines. L’œuvre représente Marie en buste, tournée de trois quarts, dans l’attitude de l’orante, selon l’icono­ graphie de l’ Hagiosoritissa , de la « Sainte Châsse » (hagia soros) , car le prototype se trouvait dans le sanctuaire de la Chalkopratia à Constantinople, à côté du coffre contenant la relique de la ceinture de la Vierge. Un trait commun à la majeure partie des icônes byzantines de la période préiconoclaste, indépendamment du support provenant de bois de différentes essences, est l’emploi de l’encaustique, technique ancienne consistant à utiliser de la cire liquéfiée à une température élevée et mélangée aux pigments, qui pro- duisait une surface picturale brillante et dense aux couleurs saturées et intenses accentuant le réalisme des personnages. En ce qui concerne le langage figura- tif et les modalités d’exécution, les premières icônes chrétiennes dérivent de la tradition des portraits funéraires romains, du genre de ceux du Fayoum (fin i er siècle av. J.‑C.-milieu iii e siècle apr. J.‑C.), tandis que du point de vue cultuel, elles peuvent être considérées comme héritières du portrait impérial qui, encore à l’époque paléo-byzantine, était porté en procession, objet d’acclamations et parfois considéré comme miraculeux. Au milieu du vi e siècle, l’effigie du souve- rain est remplacée par l’icône du Pantocrator au-dessus de la Chalké, porte du palais impérial de Constantinople. Il s’agit d’un transfert cultuel que l’empereur en personne favorise pour exalter son pouvoir théocratique. L’adoption du culte des icônes dans la cour impériale est également révéla- trice de l’énorme succès qu’elles avaient remporté entre-temps au sein de l’Église et parmi la population. Des sources des vi e et vii e siècles témoignent de la crois- sance exceptionnelle des actes de vénération envers les images sacrées, dans des lieux publics et dans le milieu domestique. Les icônes font l’objet de pra- tiques dévotionnelles consistant à caresser ou embrasser les saintes images ; face à elles, on allume des bougies, on adresse des prières, on accomplit le rite de la proskynesis (« prosternation ») . Des témoignages de cette période, provenant de textes hagiographiques et de chroniques des pèlerins, révèlent des facultés magiques et thaumaturgiques attribuées aux images religieuses, qui suintaient du sang, produisaient des prodiges, opéraient des guérisons, chassaient les démons, en acquérant une attractivité qui, dans le christianisme des siècles précédents, était limitée aux reliques sacrées. Ce type de pratiques religieuses était souvent encouragé par les communautés monastiques qui s’enrichissaient et devenaient puissantes, grâce au nombre croissant de fidèles qu’elles attiraient dans les monas- tères abritant une icône miraculeuse. Mais le champ d’action de l’icône ne se limitait pas forcément à l’intérieur d’un lieu de culte : elle pouvait aussi exercer son rôle de protectrice de la collec- tivité, fixée au-dessus des portes urbaines pour la défense de la ville, ou apportée

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