Granqvist, Hilma | Naili, Falestin

Granqvist, Hilma 609 afin de déterminer les règles générales effectivement suivies dans la vie de tous les jours. En termes de données, elle associe les données statistiques des mariages et celles obtenues par l’observation participante aux explications des villageois de leurs propres pratiques (Suolinna, 2000, p. 318). Sa méthodologie est carac- térisée par une immersion dans la vie d’une communauté, une analyse fine des données statistiques et leur comparaison critique avec les discours de ses inter­ locuteurs. Cette approche lui permet de distinguer théorie et pratique dans la vie des villageois, et notamment dans la question du choix de l’épouse. Ses cinq monographies traitent des coutumes liées au mariage, de l’en- fance, de la naissance et de la mort à Artâs. Le premier travail qu’elle publie est sa thèse intitulée Marriage Conditions in a Palestinian Village présentée en 1931 à l’académie privée Abo Akademi en Finlande, après avoir été refusée à l’université de Helsinki, à cause de son manque de perspective comparatiste (Suolinna, 2000, p. 318). Sa thèse, recommandée pour la publication par les anthropologues finlandais Edward Westermarck et Rafael Karsten, est suivie d’un second tome en 1935. Dans les deux tomes, elle présente une étude de tous les mariages des cent dernières années à Artâs, cadre temporel qui corres- pond à la durée de la mémoire des villageois. En 1947, le livre de Granqvist Birth and Childhood among the Arabs est publié à Helsinki, et trois ans plus tard, Child Problems among the Arabs à Copenhague. Son dernier livre, Muslim Death and Burial – Arab Customs and Traditions Studied in a Village in Jordan , est publié en 1965 à Helsinki. Polyglotte érudite, Hilma Granqvist rédige la grande majorité de ses ouvrages en anglais, à l’exception d’un article sur les contes populaires des femmes d’Artâs, paru en allemand, et de son livre en suédois Arabiskt Familjeliv (Sur la vie fami- liale arabe) , publié en 1939, et pour lequel elle reçoit le prix scandinave pour la popularisation de la littérature scientifique (Seger, 1981, p. 10). Pendant ses séjours à Artâs, Hilma Granqvist prend près de mille photo- graphies qu’elle veut publier, un projet qui n’a pu voir le jour car elle meurt en 1972. En 1981, Karen Seger fait paraître à Londres une partie de ses photos dans le livre Portrait of a Palestinian Village . C’est à cette publication que l’on doit, semble-t‑il, une part du renouveau d’intérêt que suscite le travail de l’anthro­ pologue finlandaise à partir des années 1980. Bien que Hilma Granqvist écrive en premier lieu sur le mariage, l’enfance, la mort et le deuil, ses écrits touchent aussi à la pratique religieuse, aux super­ stitions et à la médecine traditionnelle. Ce qui est frappant à la lecture de ses livres, c’est la quasi-absence de son commentaire. En effet, elle ne considère pas que l’explication de l’anthropologue soit forcément plus pertinente que celle de ses interlocuteurs. En décrivant une pratique sociale ou culturelle, elle pré- fère donc donner la parole aux femmes d’Artâs pour l’explication plutôt que de

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