Genre | Rebucini, Gianfranco

Genre 585 Des Women’s studies aux Gender studies : l’avènement du concept de genre (gender) À partir de la fin des années 1960, dans les sciences sociales, et plus spécifique- ment par la contribution de chercheuses féministes anglo-saxonnes, un nouveau courant d’études pluridisciplinaires a commencé à se développer sous le nom de Women’s studies . L’état du savoir académique se traduisait alors par une multi- plicité de travaux et d’écrits de toutes disciplines sur la femme et sa spécificité, sans production équivalente sur l’homme en tant que tel. En effet, ces études féministes étaient exclusivement conduites par les femmes et sur les femmes. Pour se débarrasser du déterminisme biologique jusqu’alors tenu pour cause de la différenciation des sexes, les recherches, au sein des Women’s studies , étaient dirigées surtout dans le sens d’une quête d’universels culturels pouvant confor- ter une explication de la domination masculine sur les femmes. En revanche, dans les trois dernières décennies, en critiquant le caractère universel de la domination, la critique féministe anglo-saxonne est passée de l’étude des femmes à l’étude de la catégorisation par le genre, avec l’introduc- tion du concept de gender (genre) (Rubin, 1975) et l’institution d’un courant académique appelé Gender studies . Les études ne s’intéressent désormais plus aux rôles, aux statuts, aux sphères qui pouvaient être masculins ou féminins, et qui contraignaient de façon théo- riquement imperméable les hommes et les femmes dans des contextes séparés, laissant souvent aux femmes la place de l’autre par rapport aux acteurs et aux fai- seurs des systèmes sociaux. À présent, la recherche porte en revanche sur les stra- tégies, les actions, les négociations et les marges de manœuvre dont les acteurs sociaux (femmes et hommes) disposent toujours dans chaque contexte social, en les inscrivant dans des relations sociales complexes, changeantes et mouvantes. C’est donc cette nouvelle perspective qui introduit la relation entre les genres plutôt qu’une vision statique des sexes, qui commence à investir les sociétés du pourtour méditerranéen, spécifiquement à partir des années 1980. Ce sont pourtant des études sur le genre en Méditerranée et pas sur la Méditerranée qui voient le jour à partir de cette époque. Les études de genre en Méditerranée Divers travaux se sont ainsi intéressés aux femmes de la Méditerranée du Nord, mettant ainsi en échec les stéréotypes véhiculés par l’ancienne tradition de l’anthropologie méditerranéiste en Europe du Sud (entre autres, Dubish, 1986).