Flore marine | Mouradi, Aziza; Barbier, Michèle

Flore marine 542 Parmi les sources anciennes de perturbation de la Méditerranée, l’ouverture du canal de Suez en 1869 et son agrandissement constituent une voie d’accès privilégiée pour les espèces de la mer Rouge qui colonisent progressivement l’Est du bassin méditerranéen. D’autre part, de nombreuses espèces arrivent dans les eaux de ballasts des cargos ou avec les naissains d’huîtres importés d’autres continents. Les espèces récemment introduites s’adaptent au nouveau milieu et s’y développent de façon plus ou moins invasive. Ainsi, plus de 80 espèces ont été recensées en 2002 avec un doublement au cours des vingt dernières années et ce phénomène ne peut aller que s’amplifiant avec l’augmentation du trafic maritime (Boudouresque et Verlaque, 2002). La flore marine se compose d’algues et de plantes aquatiques appelées posido- nies. Ces plantes monocotylédones qui vivent sous l’eau sont endémiques de la Méditerranée. Les posidonies, regroupées en herbiers, sont un élément clé de l’écosystème méditerranéen, minimisant l’érosion côtière, et régulant l’absorp- tion du CO 2 . Ces herbiers hébergent également de nombreuses espèces et servent de nourriture pour un très grand nombre de poissons et d’invertébrés, en par- ticulier les larves de poissons et les jeunes poissons. Les herbiers de posidonies se développent dans la bande littorale jusqu’à 40 m de profondeur sur des subs- trats meubles qu’ils stabilisent par leur système racinaire. Si l’herbier est fragilisé dans les zones où l’hydrodynamisme est important, le substrat est entraîné par les courants empêchant la réimplantation des plantes. Le rôle de ces herbiers équi- vaut à celui des plantes terrestres dans la stabilisation des dunes. Les posidonies ne tapissent qu’une infime partie des fonds méditerranéens et ne s’adaptent pas aux eaux proches des estuaires, trop douces, ni aux eaux trop chaudes comme c’est le cas entre l’Égypte et le Liban. Ces espèces, apparues voici plus de cent millions d’années, sont très sensibles aux pollutions marines et aux aspects néfastes des activités humaines (urbanisme, rejets, etc.) et sont protégées, en France, depuis 1988. La flore marine est également constituée d’algues. Le terme « algue » regroupe un très grand nombre d’organismes différents ayant des origines distinctes. Ce groupe est polyphylétique et les différentes branches phylogéniques ont évo- lué de manière indépendante depuis plus de 3,5 milliards d’années. Il est géné- ralement admis que les algues proviennent de l’endosymbiose d’une bactérie primitive capable de photosynthèse dans une cellule animale et que ce phé- nomène s’est produit à diverses reprises, donnant naissance indépendamment aux différents groupes d’algues. Les seuls points communs à toutes les algues sont la photosynthèse chlorophyllienne, le besoin d’eau et l’absence d’organes différenciés comme chez les autres végétaux (tige, racine, feuille). De fait, les algues regroupent des micro-organismes unicellulaires mobiles du plancton ou microalgues et des algues macroscopiques ou macroalgues. On peut également

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