Flore marine | Mouradi, Aziza; Barbier, Michèle

Flore marine 543 les distinguer par leur mobilité : les algues pélagiques nagent et suivent le mou- vement de l’eau (le phytoplancton), les algues benthiques sont fixées sur un sup- port au fond de l’eau. Ces dernières se développent le long de la bordure côtière entre 0 et 100 mètres. La faible amplitude des marées en Méditerranée est un autre facteur qui influence la flore : il n’y a pratiquement pas de marées dues aux cycles lunaires, mais des variations du niveau de la mer, dues à l’action des vents et de la pression atmosphérique, peuvent être observées. La grande profondeur de la Méditerranée (profondeur moyenne atteignant 1 500 m avec un relief sous-marin constitué de canyons), associée à un faible renouvellement des masses d’eau par le détroit de Gibraltar et des apports limi- tés par les fleuves, aboutit à une forte stratification thermique, une salinité élevée et une grande pauvreté en nutriments des eaux superficielles, autant de facteurs ayant une influence sur la répartition des macroalgues. En Méditerranée, les macroalgues n’ont qu’un rôle marginal dans le fonction- nement général de l’écosystème. Leur biomasse totale est faible, et leur présence est limitée à une étroite bande côtière. Sur les fonds, elles sont en compétition pour le substrat avec les posidonies et les autres organismes sessiles. Leurs popu- lations sont naturellement limitées par les oursins et quelques espèces de pois- sons phytophages. Leur présence reste discrète dans les écosystèmes en équilibre. Quand les apports en nutriments ou les polluants liés aux activités humaines viennent désé- quilibrer le milieu, les algues peuvent s’y développer rapidement et l’envahir. Cela est particulièrement visible dans les lagunes côtières comme par exemple la lagune de Venise envahie par les algues vertes, les gracilaires et plus récemment par des algues brunes introduites ( Sargassum et Undaria ). Les microalgues, quant à elles, de par leur biomasse, sont d’une importance capitale dans l’écosystème marin puisqu’elles participent de façon significative aux cycles biogéochimiques et en particulier les cyanobactéries qui capturent une part importante du carbone atmosphérique : le phytoplancton produit les deux tiers de l’oxygène de la planète. Le fonctionnement de l’écosystème est for- tement dépendant du phytoplancton, base des chaînes trophiques (Falkowski et al ., 2004). Les grands groupes qui dominent le phytoplancton eucaryote sont les diatomées, les coccolithophores et les dinoflagellés. Leur développement est dépendant à la fois de la lumière solaire et de la dis- ponibilité en éléments nutritifs dissous dans l’eau de mer. Les apports d’élé- ments nutritifs à partir des fleuves et via le détroit de Gibraltar sont limités et n’ont qu’une influence locale. Du fait de la configuration géologique de la Méditerranée et de la présence de canyons, les phénomènes d’ upwelling , qui permettent dans les océans le recyclage des eaux profondes riches en éléments nutritifs, n’ont ici qu’une action limitée. À l’exception de la mer d’Alboran et

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