Eau (ressources et usages) | Lazarev, Grigori

Eau 402 Avec 65 % de la demande totale en eau dans le bassin méditerranéen, l’irri- gation est le premier consommateur de cette ressource. Là aussi le déséquilibre Nord/Sud est accusé. Dans le Nord, l’irrigation ne représente que 48 % de la demande tandis qu’elle totalise 82 % de la demande du Sud. L’accroissement prévisible de la demande d’eau pour l’irrigation et pour les besoins des villes pose un défi majeur en Méditerranée. Les projections montrent que la demande sera supérieure aux disponibilités. Les risques sociaux et politiques liés à l’eau devien- draient un important facteur d’instabilité dans cette région, ce qu’annoncent déjà les conflits latents ou ouverts sur la répartition des eaux des bassins trans- frontaliers, entre la Turquie, la Syrie et l’Irak, entre Israël, la Palestine et la Jordanie, entre l’Égypte, le Soudan et l’Éthiopie. Avec l’aridification annoncée par le changement climatique, la crise de l’eau aura un impact encore plus dra- matique qu’une crise du pétrole car elle affectera la vie quotidienne et la santé de millions de personnes. Les experts montrent cependant que des économies considérables pourraient être réalisées en gérant mieux la demande en eau. Par la récupération des eaux usées, par un contrôle du gaspillage, par une plus grande efficience de l’irrigation, par une autre gestion des nappes souterraines, on pour- rait économiser près du quart de la demande qui s’exprimerait en 2025 en pro- longeant les tendances actuelles. En dernière analyse, il ne restera cependant que la solution, coûteuse, de la désalinisation de l’eau de mer, ce que les pays riches en pétrole ont déjà amorcé ou ce que l’on pourra faire lorsque les technologies solaires le permettront à moindre coût. L’irrégularité des précipitations annuelles et entre les années est un autre trait majeur du problème de l’eau. Les pluies en Méditerranée se concentrent sur peu de jours, entre 50 et 150. La période estivale, qui correspond à la plus forte demande d’eau, ne reçoit pas de pluies, sauf quelques orages. Le volume des pluies varie énormément d’une année à l’autre et les années de sécheresse sont fréquentes, avec des effets particulièrement marqués dans les pays du Sud. Ces sécheresses tendront à s’aggraver avec le changement climatique. Les variations spatiales du régime des pluies et la répartition des températures ont été déter- minantes dans le façonnement de l’agriculture en Méditerranée. Dans toutes les régions recevant plus de 600 mm d’eau, les pluies sont associées à une végétation et à une agriculture que l’on a qualifiées de « méditerranéennes ». L’agriculture pluviale est fondée depuis l’Antiquité sur les céréales, l’olivier et la vigne, et l’on tend à définir l’aire écologique de la Méditerranée par la limite de l’olivier, ce qui place le Portugal parmi les pays méditerranéens. Au nord de la Méditerranée, les précipitations ont en général été suffisantes pour une nette prédominance de l’agriculture pluviale, avec des recours limités à l’irrigation, celle-ci n’ayant eu de l’importance qu’en Espagne. Ce n’est que dans les deux derniers siècles

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