Divination | Crippa, Sabina

Divination 386 dérive d’un art de déchiffrer et de contrôler tout message, d’après la distinction entre une divination « inspirée », dans laquelle intervient directement une dimen- sion surhumaine, et une divination « technique » où dominent la compétence et le savoir humains, que Cicéron établit au i er siècle avant notre ère (De div.) . Un art complexe Les procédures de divination sont variées. Par exemple, en Grèce, la Pythie, la prêtresse d’Apollon, est une figure historique située dans un lieu précis, celui du sanctuaire de Delphes. Elle dépendait entièrement du contrôle des prêtres qui géraient le calendrier des consultations et le rituel. Les deux principales catégo- ries de consultations sont, dans le premier cas, un individu qui demande à être rassuré sur un problème d’ordre personnel (mariage, dettes) et, dans le second, l’arbitrage dans des problèmes de nature politique ou militaire. La réponse pou- vait être transcrite. L’écriture n’est pas un moyen de révélation autonome, mais plutôt un moyen d’archivage et peut-être de légitimation. À l’opposé de cette divination dépendante de l’institution, liée aux intérêts poli- tiques de l’époque et soumise au contrôle du pouvoir, la prédiction de la Sibylle se situe sur un rocher, à côté du bouleuterion public (à Delphes comme à Délos) ou dans une grotte. Par ailleurs, la Sibylle ne répond pas aux questions. Dotée du pouvoir de « seconde vue », elle prophétise sans instruments ni ornements, selon le modèle de la mantique ouverte. En effet, ses prophéties sont toujours des visions : la guerre de Troie, les origines de Rome, la palingénésie universelle. Parfois, il peut s’agir de consultation occasionnelle. En Égypte ancienne, par exemple, au Nouvel Empire, lorsque le dieu est dans sa barque procession- nelle, son peuple l’interroge sur des questions personnelles. Parfois, on consulte l’oracle tantôt directement, tantôt par mandataire. Les demandes sont rédigées sous forme précise et détaillée sur papyrus ou sur parchemin, et demeurent quel- quefois dans le temple, après qu’on a obtenu les réponses. Des procédés anciens de consultation oraculaire restent en vigueur dans l’Égypte gréco-romaine, tel celui qui consiste à déposer auprès d’un dieu une requête inscrite sur papyrus ou sur ostracon et formulée de deux manières, positive et négative. Mais surtout se répand à cette époque le procédé rare, qui consiste à passer la nuit dans un temple afin de recevoir du dieu une vision en songe qui l’informe sur l’avenir. En Mésopotamie le recours à l’écriture et surtout son extrême valorisation comme instrument intellectuel réservé à un corps de spécialistes « savants » per- mettent le développement d’une pensée divinatoire qui fonctionne comme une véritable science générale des signes. En interprétant les présages sur le modèle d’un déchiffrement des signes d’écriture idéographique ou pictographique, la

RkJQdWJsaXNoZXIy NDM3MTc=