Céramique | Bonifay, Michel; François, Véronique; Gallin, Annabelle

Céramique 219 prise de conscience internationale de la nécessité de systématiser sous forme d’en- cyclopédies papier (Py, 1993) ou de sites Internet (Keay et Williams, 2005) la typo-chronologie des céramiques méditerranéennes antiques. En Méditerranée orientale, la situation est bien différente pour la période médiévale. Les fouilles ouvertes dans l’aire byzantine et dans sa zone d’influence depuis le début du xx e siècle ont livré un matériel abondant mais souvent mal documenté sur le terrain. En l’absence d’étude des céramiques en contexte stratigraphique, les connaissances acquises sur la vaisselle fine, la céramique culinaire et la poterie de stockage employées dans le monde byzantin entre le vii e et le milieu du xv e siècle sont assez lacunaires. Les typologies, celles mises en place dans la première moi- tié du xx e siècle (par exemple Talbot Rice, 1930 ; Morgan, 1942), puis celles qui leur ont succédé entre les années 1970 et 1990, révèlent aujourd’hui leur faiblesse. Elles constituent l’ossature de la discipline, et les recherches nouvelles s’y adossent bien qu’elles tentent, avec difficulté parfois, de s’en affranchir pour mieux définir et dater les productions de poteries fabriquées et commercialisées dans l’Empire byzantin durant neuf siècles. Pendant longtemps, du fait même de la qualité et de la beauté des objets, l’étude des céramiques de l’Orient isla- mique était limitée aux pièces exposées dans les musées. L’archéologie de l’Islam s’est affirmée assez tardivement (Rosen-Ayalon, 2002 ; Milwright, 2010), mais depuis les années 1980, les fouilles de grands sites d’Égypte, de Syrie, d’Irak et d’Iran ont livré des assemblages de poteries bien datés. Ces trouvailles ont ainsi permis l’élaboration de typochronologies qui renouvellent les connaissances sur la vaisselle de service glaçurée mais aussi sur les céramiques communes qui constituent la plus grande part des découvertes. Enfin, on a assisté ces dernières années à un développement des études sur la céramique moderne. Longtemps négligées par les archéologues, les poteries fabriquées et commercialisées dans l’Empire ottoman, du xiv e au xix e siècle, sont l’objet d’un intérêt nouveau dans les Balkans, en Turquie et au Proche-Orient. La publication de matériel mis au jour dans les fouilles de citadelles, de grandes demeures cossues ou de plus modestes habitations urbaines ou rurales livre peu à peu des données iné- dites sur six siècles de production et de consommation de vaisselle de terre et témoigne, pour la fin de la période, de la montée progressive de l’impérialisme culturel et économique des pays d’Europe occidentale. La Méditerranée n’est pas le berceau de la céramique. Cependant, avec l’Asie du Sud-Est qui a vu naître ce matériau, elle constitue l’un des endroits du monde où la technologie de la céramique s’est développée le plus ancienne- ment dans ses formes et ses techniques les plus achevées. Alors que les premiers vestiges en terre cuite prennent la forme de statuettes zoomorphes et anthropo- morphes (Vénus) sur les sites gravettiens (26 000 bp ) d’Europe centrale, l’arti- sanat de la céramique apparaît vers 9000 av. J.‑C. au Proche-Orient (Le Mière

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