Cartographie | Arnaud, Jean-Luc

Cartographie 210 iv e siècle, dans une version également disparue, mais copiée par un auteur ano- nyme au xii e ou au début du xiii e siècle. Ce document, connu sous le nom de Table de Peutinger, est particulièrement riche, il figure non seulement l’ensemble de l’Empire romain mais aussi, suivant une vaste extension vers l’est, l’Inde et le Sri Lanka ; on y trouve la figuration de pas moins de 200 000 km de voies de circulation, l’emplacement de nombreuses villes, des fleuves, des forêts et des chaînes de montagne. Dans un format de pratiquement 7 m de longueur par seulement 34 cm de hauteur, la Table de Peutinger est tout d’abord une carte des voies de communication terrestres. L’étendue nord-sud de l’espace maritime est contractée de telle manière qu’il ressemble à un large fleuve plutôt qu’à une mer. Au milieu du ii e siècle, le géographe alexandrin Claude Ptolémée rédige une description du monde suivant un périmètre qui n’est pas très différent de celui retenu par Strabon au début de notre ère. Au contraire de son prédécesseur, Ptolémée est aussi cartographe. Il met au point un nouveau mode de projection – principe qui permet de figurer la sphéricité de la Terre sur un document plat – et de coordonnées géographiques. Pour accompagner sa description du monde, il explique comment composer plusieurs cartes fondées sur ce principe. Mais la version la plus ancienne connue est tardive. Il s’agit d’un manuscrit en grec du xiii e siècle. À ce moment-là, le manuscrit de la Table de Peutinger n’avait pas encore été découvert. Dans ce contexte, la traduction de Ptolémée joue un rôle décisif dans la cartographie de la Renaissance. Son modèle de représentation domine la production des xv e et xvi e siècles. Mais il s’agit tout d’abord de cartes de l’ensemble du monde connu, la Méditerranée apparaît peu détaillée. Par ail- leurs, la mappemonde de Ptolémée pâtit d’une erreur d’évaluation des longi- tudes d’environ 20 degrés, elle donne lieu à la forme toujours très allongée du bassin méditerranéen dans les documents qui suivent ce modèle. La découverte de Ptolémée par les Européens est tardive alors que sa traduc- tion vers l’arabe est attestée dès le ix e siècle. Elle est connue de Sharîf al-Idrîsî, géographe et botaniste arabe – 1100‑1165 –. qui, au service du roi de Sicile Roger II, au milieu du xii e siècle, dresse une géographie descriptive du monde connu. Son ouvrage comporte non seulement un long texte qui partage le monde en 70 compartiments (de l’Irlande à la mer de Chine, dont une ving- taine traite des régions méditerranéennes) mais aussi des figurations cartogra- phiques. Au contraire des cartes de Ptolémée qui sont des annexes du texte, les cartes d’Idrîsî constituent le point de départ de son œuvre, le texte vient en second lieu comme un commentaire de la cartographie. Ces représentations ont la particularité d’être orientées sud-nord de telle manière que l’Afrique est en haut du document et l’Europe en bas. Par la surprise qu’il provoque, ce point de vue – inverse des usages adoptés en Europe pendant la Renaissance – témoigne

RkJQdWJsaXNoZXIy NDM3MTc=